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La sonde spatiale Rosetta pourrait ne jamais localiser sa petite soeur Philae, échouée sur la comète depuis trois mois. Mais en attendant, elle continue d’en apprendre assez pour oser réécrire l’une des plus populaires métaphores de l’astronomie: la comète ne serait pas une boule de neige sale.

Plutôt une boule de poussière... avec de la neige. C’est la description qui ressort des données accumulées depuis que Rosetta tourne autour de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, données qui ont fait l’objet de premiers articles en janvier dans Science. D’autres sont à venir mais déjà, les planétologues ne cessent d’écrire combien la comète «est plus étrange que prévu».

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Poudreuse. Quantité d’escarpements. Avec ce qui ressemble à des dunes de sable, mais qui ne peut pas en être. Avec de l’eau qui diffère de la nôtre, contredisant la théorie voulant que la Terre aurait jadis reçu son eau des comètes.

Et surtout, avec «un ratio poussière-gaz» où la poussière domine davantage que ce qui avait été estimé. Les instruments de Rosetta permettent d’arriver à ces conclusions à distance, mais aussi parce que depuis six mois, Rosetta a reçu des micro-fragments de la comète directement sur ses instruments.

Parmi ces fragments, des composés organiques, ces molécules complexes sans lesquelles la vie n’existerait pas. Si ce n’est pas la première fois qu’on détecte des molécules organiques dans l’espace, c’est la première fois qu’on en «voit» sur la surface même d’une comète —puisqu’on doit ces observations à Philae elle-même, dans les heures qui ont suivi son atterrissage le 12 novembre, avant qu’elle ne tombe en hibernation.

Qu’en est-il de Philae aujourd’hui? On ignore toujours où elle se trouve, bien que la zone probable ne mesure que 350 mètres par 30 mètres. L’équipe de l’Agence spatiale européenne a néanmoins annoncé le 30 janvier sur son blogue qu’elle abandonnait l’idée de faire un effort particulier pour localiser Philae.

Cela aurait impliqué un changement temporaire d’orbite pour Rosetta, à la mi-février, afin de la faire passer à seulement 6 kilomètres au-dessus de la zone présumée. Si l’idée a été abandonnée, c’est parce que rien ne garantit qu’on puisse voir Philae sur une photo de cette surface très inégale et parsemée d’ombres. Et c’est aussi parce que s’approcher d’une comète comporte des risques: plus la chaleur du Soleil se fait sentir, plus cela crée des jets imprévisibles de gaz et de poussière.

Et le meilleur est à venir. De son poste d’observation, Rosetta risque de voir la comète changer d’apparence dans les prochaines semaines. Elle sera au point de son orbite le plus rapproché du Soleil en août. Et il reste la possibilité que les rayons de ce Soleil ne réveillent les panneaux solaires de Philae avant le mois d’août.

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