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C’est le mois de l’eau: un astéroïde, Cérès, qui pourrait abriter jusqu’à 25% d’eau; une lune, Encelade, qui pourrait cacher des sources hydrothermales; une autre lune, Ganymède, qui pourrait cacher un océan souterrain.

Et avec chacune des annonces, le mot «vie» n’est jamais loin. «Identifier de l’eau liquide est crucial dans la recherche de mondes habitables au-delà de la Terre et pour la recherche de vie telle que nous la connaissons.» Cette phrase apparaît dès le 2e paragraphe du communiqué émis le 12 mars par l’équipe du télescope spatial Hubble. Leur «observation indirecte» d’eau sur Ganymède, la plus grosse lune de Jupiter, vient renforcer des soupçons vieux de 40 ans.

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«Observation indirecte»: parce qu’aucune goutte d’eau n’a été photographiée. Les astronomes se sont penchés sur le champ magnétique de Ganymède —c’est la seule lune du système solaire qui en a un— champ magnétique qui cause des aurores (illustrées sur la photo ci-contre). Ce sont les fluctuations de ces aurores, dans leurs interactions avec le champ magnétique de Jupiter, qui trahiraient la présence d’eau salée sous la surface.

La sonde Galileo, dans les années 1990, avait elle renvoyé des observations similaires du champ magnétique. Publiant dans le Journal of Geophysical Research, les scientifiques allemands et américains estiment à présent cet océan ayant 100 km de profondeur, enfoui sous 150 km de roc et de glace.

Parallèlement, autour de Saturne, ce sont des sources hydrothermales que des scientifiques ont annoncé avoir détectées cette semaine. Là aussi, les experts soupçonnaient l’existence d’eau sous la surface, depuis qu’ils avaient observé en 2013 —observation «directe», cette fois—ce qui avait toutes les apparences de jets de vapeur d’eau s’élevant à des centaines de kilomètres de la surface.

Mais pour avoir une activité hydrothermale, il ne faut pas juste de l’eau, il faut de la roche, de préférence riche en silicium qui, en entrant en contact avec de l’eau de mer, émet des «cheminées» d’eau chaude riches en minéraux. Sur Terre, cela se traduit par des sources d’eau chaude prisées par les humains —ou par des formes de vie plus exotiques.

Pourrait-il y avoir de la vie dans les sources d’eau chaude d’Encelade? La question est également posée par l’équipe européenne, qui publie les résultats de ses analyses dans les pages de Nature .

Ganymède et Encelade bénéficient aussi d’un avantage: elles tournent autour de deux planètes géantes, respectivement Jupiter et Saturne, dont les forces d’attraction sont suffisantes pour créer un effet de marée, ce qui réchauffe l’intérieur de ces lunes. Juste assez, croit-on, pour empêcher l’eau liquide de geler.

À côté de ces deux découvertes, l’eau hypothétique sur l’astéroïde Cérès semble soudain plus banale: pas de sources hydrothermales en perspective, elle n’est pas réchauffée par la gravité d’une géante, et Cérès fait moins de 1000 km de diamètre, contre 5270 pour Ganymède. Mais il y a soudain tant d’eau dans le système solaire qu’on ne sait plus où donner de la tête.

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