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Quiconque s’interroge sur l’existence d’extraterrestres ne pourra pas y échapper: il faudra désormais apprendre trois nouveaux mots, les sursauts radio rapides. Ou SSR.

Ils sont la coqueluche du moment. «Est-ce qu’E.T. téléphone à la Terre?» «Un signal étranger détecté?» On est pourtant à des années-lumière d’un message: il s’agit en réalité de 11 «sursauts radio»... en 15 ans. Et il faut préciser «rapides», parce que chacun n’a duré que quelques millièmes de seconde. Mais à en croire l’article du New Scientist qui fait jaser depuis le 31 mars, ces signaux auraient une caractéristique intrigante: ils présenteraient une empreinte mathématique. Autrement dit, ils pourraient être artificiels.

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Pas si vite, a répliqué la journaliste Nadia Drake sur son blogue. Si on croit voir se dégager un dessin mathématique, c’est uniquement parce qu’on n’a sous la main que 11 signaux, alors qu’il y en a peut-être 10 000 qui nous arrivent chaque jour du ciel, mais qui sont trop brefs pour être détectés.

Au fil des années, les SSR ont été attribués tour à tour à des trous noirs qui s’évaporent, à des collisions entre un objet céleste et une étoile à neutrons et à bien d’autres phénomènes cosmiques naturels. S’ils se produisent aussi loin dans l’univers que les astronomes semblent l’imaginer, alors ils sont très, très puissants. Mais les astronomes qui sont cette fois à l’origine du regain d’intérêt, sous la direction de l’Allemand Michael Hippke, arrivent avec cette théorie de l’empreinte mathématique: en examinant la différence entre la première et la dernière vague d’ondes de chacun des 11 sursauts —la «mesure de dispersion», dans leur langage— ils arrivent à un nombre qui est à peu près un multiple de 187,5. Placez ces 11 nombres sur un graphique, et ça donne une intrigante ligne droite dressée vers le ciel.

Le «à peu près» est toutefois important puisqu’on n’a tout de même pas affaire à une ligne aussi droite que leur graphique en donne l’impression: la marge d’erreur est de 5%. Et surtout, ce ne sont que 11 signaux en 15 ans, alors qu’il y en a peut-être eu des centaines de millions pendant la même période.

Qu’en conclure? D’abord que même si ça s'avérait artificiel, il ne serait pas impossible que la source de ce signal soit sur notre orbite: un signal autrement dit très terrien, parce que provenant de notre propre technologie. L’hypothèse qui fait davantage frétiller est bien sûr celle d’une civilisation extraterrestre située non pas à l’autre bout de l’univers mais dans notre propre galaxie. «Une source artificielle (humaine ou non-humaine) doit être prise en considération», écrivent les astronomes, dont l’article a été déposé sur le serveur de pré-publication ArXiv.

La réponse pourrait venir d'un futur moins lointain qu’on ne l’imagine: pendant que ces astronomes travaillaient sur les 11 SSR connus, d’autres s’activaient sur cinq nouveaux SSR, jamais recensés jusqu’ici et découverts dans les masses de données astronomiques des dernières années. Cruel constat du radioastronome Michael Kramer interrogé par Nadia Drake : la mesure de dispersion de ces cinq SSR ne serait pas un multiple de 187,5. Autrement dit, ils ne correspondraient pas du tout à la ligne à peu près droite.

Ces nouvelles données n’ont pas encore été publiées —il se pourrait qu’elles génèrent cette fois moins de manchettes enthousiastes.

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