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La perte de la fusée commerciale Falcon 9, le 28 juin, n’est pas juste un incident technique. C’est une source d’inquiétudes pour tous ceux qui rêvent de commercialiser l'espace... sauf pour les concepteurs de la fusée Falcon 9 eux-mêmes.

Qui n’est pas inquiet?

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Ceux qui ont le moins de raisons de s’inquiéter de cet accident —la fusée qui apportait du ravitaillement à la station spatiale a explosé, deux minutes après le décollage— sont les concepteurs mêmes de la fusée, soit les ingénieurs de la compagnie SpaceX. Leurs six lancements précédents ont été des succès, et ils ont à présent un carnet de commandes encourageant du côté des compagnies de télécommunication. Ils ont aussi une commande, en août, pour la mise en orbite d’un satellite d’études des océans, un partenariat entre les agences spatiales européenne et américaine. Ils sont le symbole même d'une exploration spatiale commerciale et, à court terme, ils n'ont rien à craindre.

Pourquoi la NASA est-elle inquiète?

Mais pour la NASA, c’est le troisième de quatre engins censés apporter du ravitaillement à la station qui échoue en huit mois : la fusée Antares de la compagnie Orbital ATK, qui s’est écrasée quelques secondes après son décollage en octobre), la sonde russe Progress 59, qui est retombée dans l’atmosphère en avril, et à présent Falcon 9. Tous les trois sont des engins automatiques, sans occupants, qui apportaient chacun deux tonnes de nourriture et d’équipement là-haut.

Parmi l’équipement perdu, un morceau important : la première de deux «passerelles» censées permettre l’amarrage, à partir de 2016, entre la station et les futures versions habitées des fusées commerciales.

C'est là en effet une grosse inconnue, le vol habité: deux des échecs des derniers mois, Antares et Falcon 9, sont les prototypes sur lesquels compte l’agence spatiale américaine pour devenir moins dépendante des engins russes. SpaceX a signé un contrat de 1,6 milliard$ avec la NASA pour effectuer au moins 12 vols jusqu’à la station —celui-ci aurait dû être son 7e. Orbital ATK a signé un semblable contrat de 1,9 milliard$ pour huit vols. Les deux compagnies espèrent que leurs succès feront d’elles les héritières de la défunte navette spatiale —les experts évaluent le potentiel à 7 milliards$ pour une cinquantaine de missions. Mais ensuite?

Pourquoi les compagnies de télécommunication s’inquiètent

Les six lancements réussis de SpaceX lui ont déjà valu des commandes des compagnies qui veulent mettre leurs satellites en orbite dans la prochaine année: Iridium, Eutelsat, Orbcomm et SES. Le coût demandé par SpaceX est apparemment moins élevé que celui des agences spatiales russe (la fusée Proton) et européenne (la fusée Ariane). Ces «clients» vont suivre avec attention l’enquête sur les causes de l’accident dans les prochaines semaines...

La station spatiale : tout va bien à bord

Vivre à bord d’une station spatiale et voir votre fusée de ravitaillement exploser n’a rien de rassurant. Les astronautes ont toutefois des réserves de nourriture jusqu’en octobre, et le loisir de redescendre à bord de leur capsule Soyouz si quelque chose tourne mal. De plus, le «ravitailleur» suivant, une autre sonde russe Progress, s’est déjà envolé ce 3 juillet. Une sonde japonaise, HTV, est également prévue pour le 16 août. À court terme, la vie continue.

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