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Déjà pointé du doigt pour encourager l’obésité, les troubles d’attention et les difficultés à l’école, le petit écran rendrait aussi les tout-petits plus vulnérables à l’intimidation, et ce, dès la maternelle, révèle une nouvelle étude montréalaise.

Ainsi, plus de temps les tout-petits passeraient devant la télévision, plus ils courraient plus tard le risque de se faire taquiner, bousculer ou exclure par ses camarades. Jusqu’à l'âge de 7 ans, la surexposition à la télévision —plus de 1¼ heure par jour, selon les chercheurs— limiterait le développement neuronal de l'enfant dans les zones liées à la socialisation, à la résistance à la distraction et à la prise de décision.

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Des habitudes télévisuelles élevées nuisent à l'apprentissage des habiletés sociales des enfants, soutient Linda Pagani, chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine et auteure de l’étude. «Par exemple, ils n’apprennent pas à regarder dans les yeux lorsqu’ils s’adressent à quelqu’un —une des clés pour se faire des amis», souligne-t-elle.

Les données de cette étude longitudinale, menée auprès de 2000 petits Québécois —991 filles et 1006 garçons nés en 1997 et en 1998— ont permis de corréler le temps d’exposition au petit écran des enfants, âgés alors de 29 mois, avec les déclarations de ces mêmes enfants, dix ans plus tard, sur l'intimidation vécue à l’école et les observations des éducatrices de maternelle et des enseignantes.

Loin de vouloir culpabiliser les parents, la chercheuse pense qu’il est temps pour eux de suivre les recommandations de l’Académie américaine de pédiatrie qui limite le temps de télévision des petits et le bannit pour les moins de 2 ans.

Le petit écran dans la ligne de mire

Les conclusions de cette étude vont-elles trop loin? «Pas du tout, elle témoigne de l’état de passivité extrême de ces enfants qu’ils apprennent devant la télévision», croit Serge Proulx, professeur titulaire de l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal et directeur du Groupe de recherche et d’observation sur les usages de la culture médiatique.

«La télévision n’est pas une baby-sitter. Il faut arrêter de se raconter des histoires et dénoncer cette manie qu’ont les parents qui travaillent de les mettre devant des programmes merdiques en pensant qu’ils vont apprendre quelque chose», s’exclame-t-il.

Pourtant, le Québec possède une intéressante expertise en programmation pour les enfants depuis la très aimée émission éducative «Passe-Partout». «Une heure de certains programmes peut être plus nocive que quatre heures de Passe-Partout. Les parents doivent aussi aider les enfants à développer leur esprit critique face aux médias», tempère de son côté le doctorant en communication de l’Université de Montréal, Mathieu Bégin.

Le jeune homme travaille depuis six ans sur les liens unissant le développement des jeunes, leurs usages des médias et les phénomènes de la violence et de l’intimidation. Les résultats de cette étude le laissent songeur: «La consommation excessive de télé renforce-t-elle la prédisposition à être antisocial ou le fait de l’être nous pousse-t-il devant la télé?» Enfin, l’enjeu actuel serait plutôt d’apprendre aux enfants à s’en détacher. Et çà, c'est le rôle des parents, conclut-il.

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