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Dans la série «pas encore un autre record», l’atmosphère aurait aujourd’hui atteint un niveau de CO2 inégalé depuis 56 millions d’années. Et nous y sommes arrivés dangereusement vite, par rapport à la dernière fois.

Quelles conséquences? C’est justement la grosse inconnue. Parce que la plupart des chercheurs interrogés cette semaine autour de cette recherche soulignent que la vitesse à laquelle le CO2 s’était accumulé dans l’atmosphère il y a 56 millions d’années était tellement lente par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui, que toute comparaison devient délicate.

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La recherche est parue lundi dans la revue Nature Geoscience . Elle déterre un instant géologique appelé le «maximum thermique du passage paléocène-éocène». Un «instant» ou un «passage» de 4000 années, pendant lesquelles environ 1,1 milliard de tonnes de CO2 a été éjecté dans l’atmosphère par an, pendant ces quatre millénaires. Or, en comparaison, nous en éjectons aujourd’hui environ 10 milliards de tonnes par an... soit 10 fois plus vite. À l’époque, le résultat avait été une augmentation de la température entre 4 et 8 degrés Celsius, un « pic » qui aurait ensuite duré quelque 100 000 ans.

Ce qui s’est passé pour déclencher tout cela il y a 56 millions d’années fait l’objet de nombreux débats depuis longtemps: éruptions volcaniques sous-marines ou terrestres provoquant une fonte massive du permafrost ou libérant de grandes quantités de méthane? Les auteurs de la nouvelle étude n’apportent pas de réponse. Ils se concentrent sur les conséquences: les géologues avaient déjà constaté que cette hausse de la température avait entraîné des eaux plus acides —et du coup, une extinction accélérée des espèces.

L’acidification de l’eau affecte notamment la formation de la coquille des crustacés: trop mince, elle réduit leur taux de survie ou nuit à leur reproduction.

Or, la vitesse accélérée à laquelle, aujourd’hui, le CO2 s’accumule et la température augmente, implique que l’acidification sera plus sévère, et que les espèces auront trop peu de temps pour s’adapter. Quelles conséquences, à quel rythme, à quelle échelle, sur combien d’espèces? C'est là qu'on entre dans un territoire totalement inexploré.

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