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Friends of science, le plus connu des groupes climatosceptiques canadiens, est aussi celui dont le financement est toujours resté obscur. Une partie du voile vient d’être levée grâce à une poursuite, non pas du côté des pétrolières, mais du charbon.

Dans le cadre des démarches judiciaires entourant la mise en faillite depuis avril de la compagnie américaine Peabody, géant mondial du charbon, figure en effet une liste de près de 1000 pages d'organismes et individus qui attendent leur dû de Peabody. Parmi eux, la « Société Friends of Science » de Calgary. Le document ne divulgue pas de montants.

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On trouve aussi dans la liste plusieurs organismes, américains ceux-là, qui nient le réchauffement climatique, dont certains, comme l’Institut Marshall, ont farouchement combattu ces dernières années les efforts du gouvernement Obama pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le blogue militant PR Watch et le quotidien The Guardian soulignaient aussi cette semaine la présence dans cette liste de vieilles connaissances : le météorologue Richard Lindzen et l’ingénieur Willie Soon, deux chercheurs fréquemment invités à donner des conférences ou écrire des textes au bénéfice de l’industrie des carburants fossiles.

Pour ceux qui suivent ces dossiers, ce n’est pas une surprise : le nom de Peabody a fréquemment été cité depuis 20 ans parmi les mécènes de la mouvance climatosceptique. Mais il s’agit peut-être de l'une des rares fois où Friends of Science sort de l'ombre.

Cet organisme avait été créé en 2002, officiellement par un groupe de géologues choqués de l’appui du Canada au Protocole de Kyoto — le traité international sur la réduction des gaz à effet de serre. Pour le géologue albertain à la retraite Albert Jacobs, le Protocole de Kyoto était un outil des fonctionnaires des Nations Unies pour pousser la planète vers un gouvernement socialiste.

Le mystère a toutefois rapidement entouré les mécènes de Friends of Science, bien qu’il ait été soupçonné d’être soutenu par l’industrie pétrolière albertaine. En 2006, des recherches de DeSmogBlog et du journaliste Charles Montgomery du Globe and Mail ont mis à jour un lien embarrassant pour l’Université de Calgary : Friends of Science (FoS) avait reçu d’importantes sommes de donateurs de l’industrie pétrolière, qui avaient transité par un Fonds pour l’enseignement des sciences (Science Education Fund) logé à l’Université de Calgary et administré par un professeur de sciences politiques.

FoS a également mené une campagne de relations publiques pendant et après l’élection de janvier 2006, qui a vu l’arrivée du premier gouvernement Harper. En avril, par exemple, une lettre publiée par plusieurs journaux canadiens exhortait le nouveau premier ministre à tenir des consultations publiques afin de rejeter le Protocole de Kyoto. La lettre était signée par « 60 experts du climat et de disciplines connexes », sans qu’il soit précisé que seulement un tiers étaient Canadiens et qu’aucun n’était climatologue. Le président et le « conseil consultatif » au complet de Friends of Science figuraient parmi les signataires.

Interrogée cette semaine par le National Observer , la porte-parole de Friends of Science a dit tout ignorer d’un lien financier avec Peabody. Le groupe, ainsi que deux de ses alliés, fait également l’objet d’une plainte déposée au Bureau canadien de la concurrence en décembre 2015 par le groupe environnemental EcoJustice : celui-ci invoque la « publicité trompeuse » derrière leurs panneaux, sites web et affiches.

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