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Saviez-vous que les Mayas utilisaient des nanotechnologies ? Du moins, à leur façon. Ils utilisaient de l’argile nano-poreuse pour créer leurs pigments. Quant aux Européens, saviez-vous que les couleurs des vitraux des églises étaient obtenues par l’emploi de nanoparticules d’or ou d’argent ?

C’est en fait la nature qui est déjà une experte dans le domaine. Ce sont des nano-poils qui permettent aux geckos leurs acrobaties murales et ce sont les nanoparticules des écailles qui donnent ces couleurs aux ailes des papillons.

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« Méfiez-vous de ceux qui vous disent qu’ils sont spécialistes en nanotechnologies. C’est impossible, elles regroupent beaucoup de disciplines » assure le professeur Jean-François Morin, chimiste à l’Université Laval. Bien qu’il soit expert dans la chimie des nanotechnologies, il évite de s’exprimer sur leur impact environnemental ou leurs applications médicales. M. Morin faisait cette intervention dans le cadre d’une activité de l’Association des communicateurs scientifiques, en avril, à Québec. Il a également participé à l’élaboration de l’exposition « Nanotechnologies : L’invisible révolution » au musée de la civilisation de Québec.

Un univers inconnu

Il faut comprendre que, dans le monde du nano, un milliardième de mètre est plus que mystérieux. Les chercheurs maîtrisent les lois physiques à l’échelle du macro et du microscopique, mais lorsqu’on en arrive à l’échelle du nano, des propriétés nouvelles et peu connues émergent. Par exemple, le dioxyde de titane est un composé non nocif couramment utilisé dans l’alimentaire, les milieux médicaux ou cosmétiques. Et pourtant, sous sa forme nanoscopique, il est toxique. « L’erreur qu’on a fait, lors de l’avènement de nanotechnologies, c’était d’extrapoler les propriétés des matériaux de l’échelle macro vers l’échelle nano » explique Jean-François Morin.

Des recherches visent du coup à protéger les travailleurs des nanoparticules, puisqu’il est impossible d’assurer que leurs protections actuelles sont efficaces.

Pour pouvoir trouver des réponses adaptées, des assureurs comme Allianz financent de grandes enquêtes depuis le début des années 2000, évaluant les risques humains et environnementaux des nanotechnologies.

Parlons nano, mais pas trop

Ces incertitudes expliquent que le développement des nanotechnologies se fasse dans la discrétion. Selon la journaliste Valérie Borde, qui a également participé au développement de l’exposition, « au début il y avait une euphorie et tout le monde parlait de nanotechs. Aujourd’hui plus personne n’en parle et on ne sait rien ». Lorsqu’elle a contacté les grandes entreprises de cosmétiques pour leur demander des produits pouvant faire partie de l’exposition, le dialogue s’est avéré confus. Celles-ci reconnaissaient sans problème l’utilisation de nanoparticules dans tel et tel produit, mais sur conseil du service marketing, refusaient de fournir les produits concernés. Il a pourtant suffi à Valérie Borde de contacter les filiales françaises de ces grandes enseignes. Car la France est le premier pays à avoir imposé un étiquetage des composants de types nanoparticules dans les produits cosmétiques.

Difficile de passer à côté de l’adjectif « nano » aujourd’hui. En réalité, la plupart des produits utilisant l’adjectif le font uniquement pour surfer cette mode. Pas de vraies nanoparticules dans ces yaourts, ces vêtements ou ces tampons hygiéniques. Mais l’utilisation gratuite du terme contribue au flou qui entoure le « nano ».

L’industrie du nano représente des milliards, et les gouvernements investissent massivement dans la recherche. Pour communiquer avec le public, les industriels financent de nombreuses expositions comme celle du Musée de la civilisation. Toutes ces expositions ont les mêmes objectifs : vanter les mérites et les futures applications, rassurer et encourager le développement. Il s’agit d’être le pays, la firme, le laboratoire à la pointe des nanotechnologies, mais surtout, d’éviter d’être le premier à trébucher.

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