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Autant on a pu entendre des scientifiques dire que les inondations catastrophiques en Louisiane étaient « un signal classique » de ce qui nous attend avec les changements climatiques, autant la responsabilité précise du réchauffement climatique dans ces inondations reste difficile à déterminer.

Huit jours de pluie, près de 80 centimètres d’eau tombée du ciel, des dizaines de milliers de Louisianais obligés d’évacuer les lieux... Pire, des familles qui avaient quitté pour de bon la Nouvelle-Orléans, après l’ouragan Katrina en 2005, pour s’établir à Bâton-Rouge, à 100 kilomètres de là... font à nouveau partie des familles sinistrées.

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De tels événements météorologiques extrêmes ne peuvent manquer d’attirer les mêmes questions : ces événements se produisent-ils plus souvent à cause du réchauffement climatique ? Plus souvent dans certaines régions que d’autres ? Aussi souvent, mais avec plus d’ampleur ?

Écrivant sur le blogue Climate Signals le 7 août, des climatologues, qui se sont justement donnés pour mission d’expliquer en quoi le réchauffement est responsable de tel ou tel événement, ont rappelé que les fortes précipitations deviennent plus fréquentes au-dessus des océans — attendu qu’un océan plus chaud signifie plus d’évaporation, donc plus d’eau qui retombe en pluie.

S’il faut s’attendre à ce que le réchauffement climatique ait un visage, c’est celui-ci, renchérit en manchette le New York Times du 17 août.

Certes, la Louisiane est construite sur une éponge, a-t-on coutume de rappeler : la terre s’enfonce dans la mer au rythme d’un terrain de football par jour depuis des décennies, de sorte qu’elle est vouée à subir de plus en plus d’inondations, peu importe la taille des digues, des murs et des canaux de dérivation que les autorités érigent le long du fleuve Mississippi.

Mais le fait que son sol soit poreux n’explique pas qu’elle ait subi sept autres inondations depuis mai 2015, toutes causées par des pluies dont la quantité dépassait la moyenne pour leur période de l’année. Toutes correspondaient de plus à un événement météorologique censé ne survenir au-dessus d’une ville donnée qu’une fois tous les 500 ans, selon les estimations de l’Agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA).

La Louisiane fait de plus partie d’un groupe de cinq États américains, tous situés dans le Sud, ayant subi des inondations mortelles dans ces 15 derniers mois, certaines normales pour cette période de l’année, d’autres non.

Cet accroissement des fortes précipitations est donc « conforme à ce que nous nous attendons de voir dans le futur en vertu des modèles climatiques », explique dans le New York Times David Easterling, de la NOAA. « Pas juste aux États-Unis, mais dans d’autres parties du monde aussi. » Propos corroborés par le journaliste environnemental Andrew Freedman, qui note lui aussi que « les événements en Louisiane sont inquiétants, mais pas surprenants ».

Or, si des précipitations accrues et des inondations sont conformes aux modèles climatiques, les modèles des experts américains... n’avaient pas ciblé la Louisiane parmi les zones à risque ! Le troisième rapport du National Climate Assessment , publié en 2014, définissait plutôt comme zones à surveiller le Nord-Est, le Midwest et les hautes plaines de l’Ouest.

Un rappel de la difficulté qu’ont les climatologues à trouver la « signature » du réchauffement climatique planétaire dans un événement régional, ou même une tendance qui distinguerait ces ouragans et tempêtes de leurs semblables d’il y a 20 ou 30 ans. C’est aussi la raison pour laquelle depuis des années, les climatologues ne s’entendent pas sur l’impact à court terme qu’aura le réchauffement sur les ouragans ; seront-ils plus nombreux, ou aussi nombreux mais plus forts ?

Et s'il devait s'avérer que cet événement-ci n'était pas lié au réchauffement, qu’en serait-il de la sécheresse qui a amplifié les incendies en Californie ou de la vague de chaleur inhabituellement longue sur une bonne partie de l’Amérique du Nord cet été ? Un été qui a également vu des inondations à Moscou battant un record de 129 ans, ainsi qu’au Soudan et aux Philippines. Beaucoup de coïncidences...

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