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Se pourrait-il que le fameux rat de laboratoire ait fini par trop éloigner la recherche pharmaceutique de l’humain ? Un petit groupe de chercheurs suggère une remise en question du processus par lequel on teste traditionnellement de futurs médicaments — parce que ces futurs médicaments deviennent trop rarement réalité.

Que les rongeurs ne soient pas toujours des modèles fiables pour découvrir si un médicament va guérir un humain n’est pas le problème : on sait depuis longtemps que le chemin qui commence par des tests sur des rats et qui se termine par des tests sur des humains est parsemé de faux espoirs et de médicaments qui semblaient prometteurs, mais sont passés aux poubelles de l’Histoire.

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Mais le message qu’envoie cette semaine dans le New Scientist Joseph Garner, professeur de médecine comparative à l’université de Californie, est que les rats de laboratoire nous lanceraient de plus en plus sur de fausses pistes. « Les animaux génétiquement modifiés sont aujourd’hui utilisés pour simuler toutes sortes de maladies humaines » et pourtant, ce travail de précision ne semble pas capable de nous aider à trouver plus de remèdes.

Les bénéfices pour des humains, sur certaines maladies et certains modèles de souris, ont diminué à un tel point qu’il est temps que, dans la recherche médicale, nous trouvions de nouvelles façons de travailler avec des animaux.

La recherche pharmaceutique a toujours été un domaine où, pour un médicament qui se rend jusqu’à la commercialisation, plusieurs sont testés en vain, et ce, pendant des années. Son argument toutefois, c’est que le taux aurait empiré — « seul un médicament sur neuf se rend sur le marché » ; une étude de Nature en 2012 évaluait que le coût de production d’un médicament doublait avec chaque décennie. Mais la génétique aurait un rôle particulier dans l’évolution récente, selon Garner, particulièrement dans les cas où les symptômes reposent sur des problèmes de comportement : les manipulations génétiques procèdent par petits pas jusqu’à ce que les comportements d’une des souris correspondent à ce qu’on attend, ce qui laisse une trop grande marge d’erreur.

Elias Zerhouni, directeur des National Institutes of Health, le plus gros fonds subventionnaire de la recherche aux États-Unis, avait également sonné l’alarme en 2013 : « nous nous sommes éloignés de l’étude des maladies humaines chez les humains ». Il faut que nous « adaptions de nouvelles méthodologies, utilisables chez les humains, pour la compréhension de la biologie des maladies humaines ». Une déclaration qui avait été interprétée, à tort, par les opposants aux tests sur des animaux comme un appui à leur cause, ce dont Zerhouni avait dû ensuite se défendre : « des modèles animaux et autres remplaçants de maladies humaines sont nécessaires — mais pas suffisants — pour le développement de nouveaux traitements ».

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