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Alors que la liste des climatosceptiques au sein du futur gouvernement Trump ne cesse de s'allonger, la première personne nommée à un poste de haut niveau qui a clairement admis la réalité du réchauffement climatique se trouve à être le président de... la pétrolière Exxon.

Rex Tillerson, dont deux médias ont annoncé samedi après-midi qu’il serait le choix de Donald Trump comme futur secrétaire d’État —soit le ministre des Affaires étrangères— est en effet, depuis 2006, le PDG de la multinationale du pétrole Exxon.

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Or, tandis qu’une douzaine d’autres choix pour la future administration ont jusqu'ici affiché leurs couleurs climatosceptiques, Tillerson s’est affiché dans l’autre sens: il a déclaré, lors de l’assemblée des actionnaires d’Exxon en mai dernier, que le réchauffement climatique était un risque auquel la société devait s’attaquer. «Nous croyons que de s’attaquer au risque des changements climatiques est un problème global», qui concerne les individus, les gouvernements et le monde des affaires.

Il s’est également prononcé pour une taxe au carbone, et pour l’Accord de Paris sur le climat. Ces prises de position constituaient une rupture par rapport à celles de ses prédécesseurs chez Exxon.

C'est qu'Exxon est la compagnie qui, pendant plus de 20 ans à partir des années 1980, a été le plus gros bailleur de fonds des mouvements climatosceptiques. Qui plus est, des enquêtes journalistiques ont levé le voile l'an dernier sur le fait qu’au sein de la compagnie, des chercheurs avaient publié dès la fin des années 1970 des rapports établissant clairement le rôle qu’auraient des gaz à effet de serre dans un futur réchauffement climatique. Enfin, Exxon continue de participer à l’exploitation de pétrole aux quatre coins du monde, y compris dans des régions écologiquement vulnérables; elle est en partenariat avec l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Russie, entre autres. S’il était nommé, Tillerson serait d’ailleurs un ami de la Russie parmi beaucoup d'autres dans le gouvernement Trump : il a signé un partenariat avec le géant russe du pétrole en 2011 qui ouvrait à Exxon la porte de l’exploitation pétrolière dans l’Arctique russe; et en 2014, il a défendu la Russie contre les sanctions internationales qui lui étaient alors imposées pour l’invasion de l’Ukraine.

Selon les prévisions de la compagnie, le pétrole et le gaz répondront à 60% des besoins d’énergie de la planète en 2040, la même proportion qu’aujourd’hui.

Pour le militant environnemental Bill McKibben, qui réagissait samedi à la nouvelle dans le Wall Street Journal, cette nomination serait «une bonne façon de montrer clairement qui dirigera le gouvernement... Vous n’avez qu’à couper les intermédiaires et donner le contrôle directement à l’industrie pétrolière».

Il faut rappeler qu’en plus de Tillerson, celui qui pourrait devenir directeur de l’Agence de protection de l’environnement, Scott Pruitt, a combattu les politiques environnementales de cette agence en la poursuivant en justice; et qu’une douzaine d’autres noms, au dernier décompte, s’étaient ouvertement affichés climatosceptiques.

Lors de la même assemblée des actionnaires en mai dernier, Tillerson avait lâché une autre phrase, moins rassurante pour l’environnement celle-là. À la demande de certains actionnaires d’engager Exxon dans une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il avait répondu par une autre question : « Quel bien cela fait-il de sauver la planète si l’humanité souffre? »

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