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L’importance de la science est-elle une des rares choses qui fait consensus, peu importe que l’on soit de gauche ou de droite? C’est vrai, mais ça dépend de l’angle qu’on choisit : si vous êtes de gauche, vous préférez les sciences fondamentales, si vous êtes de droite, les sciences appliquées. Par contre, vous aimez tous les deux les dinosaures.

C’est ce qui se dégage d’une étude qui est allé fouiller dans une base de données inédite : les ventes de livres en ligne. Des chercheurs de trois universités américaines ont comparé des millions d’achats chez Amazon et Barnes&Noble, s’attardant aux acheteurs qui s’étaient procuré à la fois des livres sur la politique et des livres sur la science. Ce qui représentait la bagatelle de 428 433 livres différents en science d’un côté, et 3530 livres de politique de l’autre (il y avait beaucoup plus de best-sellers de ce côté). Les livres de politique étaient à leur tour divisés en « conservateurs » et « libéraux » suivant la terminologie américaine — et c’est à partir de là que les chercheurs ont tenté de voir si des tendances se dégageaient, d’un côté ou de l’autre.

À gauche donc, davantage de sciences fondamentales comme la physique, l’astronomie ou la zoologie. À droite, davantage de sciences appliquées comme la médecine, la criminologie, la géophysique ou la chimie organique. À cheval entre les deux, la paléontologie.

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Les résultats sont parus lundi dans la revue Nature Human Behaviour. Les auteurs, tout en soulignant une limite évidente de leur étude — la moitié des Américains n'achètent pas encore de livres en ligne — suggèrent qu’ils ont mis le doigt sur une manifestation de plus de la « guerre des cultures », entre autres aux États-Unis : des camps de plus en plus polarisés, pour qui la science qui dérange est nécessairement « politisée ».

Nous concluons que la gauche et la droite partagent un intérêt pour la science en général, mais pas pour une science en particulier. Ceci rappelle le besoin d’une recherche de solutions capables d’atténuer cette exposition sélective à « une vérité convenable », et capables de renouveler la capacité de la science à informer la conversation politique et à tempérer les passions partisanes.

« Il en ressort que libéraux et conservateurs peuvent partager un intérêt pour les dinosaures, mais pas grand-chose d’autre » déclare au Guardian un des coauteurs, Michael Macy, de l’Université Cornell. Et encore, l’étude n’a pas vérifié s’ils s’entendaient sur l’évolution des dinosaures...

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