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En 2016, une étude de l’Université Stanford, en Californie, concluait que la majorité des enfants américains d’âge scolaire étaient incapables de distinguer le fait de la fiction sur Internet et tout autant incapables de faire la différence entre une publicité et un reportage. En partie en réaction à cette étude, le gouvernement de Californie vient tout juste de voter une loi sur « l’éducation aux médias » à l’école : son but est de promouvoir une « culture médiatique » dans les écoles publiques — qu’est-ce qu’une source crédible, comment distinguer le vrai du faux, comment élever son esprit critique face à l’information, etc.

L’auteur principal de l’étude de 2016, Sam Wineburg, vient de publier dans le Washington Post un texte d’opinion où, tout en se réjouissant d’avoir été l’inspiration de cette loi, il fait part de son « inquiétude » quant au risque que ceux qui écriront les programmes scolaires soient en train de s’engager sur une fausse piste :

Prenez l’approche dominante dans l’enseignement de la crédibilité sur le web : donner aux étudiants des listes de questions et les envoyer plonger dans un seul site. De telles listes, présentées comme des marches à suivre sur plusieurs sites de collèges et d’universités, disent aux étudiants qu’ils doivent repérer des indices que quelque chose est suspect.

Wineburg les appelle les checklists ou « listes de choses à vérifier » : avant de décider si une nouvelle est fiable, vérifiez par exemple, le nom de domaine, la présence de fautes d’orthographe, de publicités douteuses… Or, il n’est pas nécessaire d’avoir longtemps côtoyé des jeunes pour savoir qu’ils n’auront pas la patience de passer au-travers d’une liste si celle-ci est trop longue… et que même les adultes ont rarement cette patience.

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La solution au problème, dit-il, n’est bien souvent pas dans une « note » à attribuer au site sur lequel on vient de tomber, mais dans une « note » que le reste de la planète attribue à ce site :

Au lieu de donner aux élèves des listes à cocher, enseignons-leur à passer une minute à consulter ce que le Web dit d’un site ou d’une organisation, avant d’y plonger — ou pire, avant de partager un lien à leurs amis.

Autrement dit, apprendre à se constituer sa propre liste de sites fiables éviterait bien des problèmes dans les années à venir. Et le chercheur raconte avoir observé un groupe de gens qui agit déjà comme ça : les journalistes vérificateurs de faits (fact-checkers). Ceux-ci sont même meilleurs pour départager la crédibilité d’un site que les universitaires auxquels ils ont été comparés :

Les professeurs et les étudiants, avons-nous découvert, tombent souvent dans les mêmes pièges d’autorité : des graphiques qui ont l’air professionnels, des logos officiels et des déclarations de statut à but non lucratif. Ils traînent trop longtemps sur un seul site web, lisant la page de haut en bas comme s’il s’agissait d’une page imprimée.

Les vérificateurs de faits, eux, « font l’opposé : quand ils atterrissent sur un site qui ne leur est pas familier, ils l’évaluent en le quittant ». Que peut-on apprendre de l’organisme ou de l’individu (et de leur crédibilité) en fouillant ailleurs. Même Wikipédia, « une source que nous conseillons souvent aux jeunes d’éviter » est abondamment utilisée, mais pas tant comme source de lecture que comme source de références — c'est-à-dire ces liens qui sont fournis à la fin des textes.  

« Comparativement aux autres que nous avons testés, les vérificateurs de faits sont arrivés à de meilleures conclusions dans une fraction du temps. » Or, dans un univers où la désinformation abonde et sait revêtir des habits respectables, amener les citoyens du futur à utiliser plus adéquatement chacune de leurs minutes de lecture, sera fondamental.

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