Bananes

Chaque fois que des craintes sur les risques de fuites radioactives d’une centrale nucléaire sont émises, les experts, pour tenter de nous rassurer, ressortent l’exemple de la banane. Elle est même une unité informelle de mesure de la radioactivité. Risquons-nous de briller d’une lueur phosphorescente si nous mangeons trop de bananes ? Le Détecteur de rumeurs et l'Organisation pour la science et la société font le point.


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Principes de base

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McGill OSSTout ce qui nous entoure est composé d'éléments chimiques — vous vous souvenez du Tableau périodique ? — qui sont quant à eux formés d’atomes. Certains de ces atomes sont plus instables que d'autres et se « désintègrent ». Lorsque cela se produit, ils émettent ce que nous appelons une « radiation » qui peut prendre la forme d’électrons, de neutrons ou d’ondes électromagnétiques appelées rayons gamma. Tout cela se traduit par de l’énergie qui peut briser des molécules, comme celles qui forment notre ADN. C’est ainsi qu’une trop forte dose de cette énergie peut signifier des mutations induisant des maladies ou un cancer. Tout dépend donc de la dose de cette radiation et de la durée de l'exposition. Mais ça dépend aussi de l’élément chimique qui était à l’origine de ce processus.

Comment calcule-t-on le risque d’une banane ?

Le potassium, abondamment présent dans la nature — et dans les bananes — est composé d’atomes dont environ 0,012 % sont considérés radioactifs. Cela signifie qu’ils se « désintègrent » spontanément. La question est donc de savoir quels types de dommages ils sont capables de faire. Autrement dit, quel est le risque associé au fait de manger une banane ?

Pour le savoir, il faut calculer la dose de radiation qu’absorbe le mangeur. L’unité utilisée en physique est le « rem » : une unité qui prend en compte la quantité absorbée, mais aussi ses impacts sur la santé. La médecine considère ainsi qu’avec chaque dose supplémentaire de 10 millirems (10 millièmes de rem) un adulte moyen augmente son risque de décès d'un sur 1 million. À titre de comparaison, 10 millièmes de rem, c’est la dose approximative qu’on reçoit lors d’une radiographie des poumons.

Étant donné qu’on peut calculer combien il y a d'atomes de potassium dans une banane, et qu’on sait quel pourcentage de ces atomes émet des radiations, on peut en arriver à calculer que le mangeur absorbe environ 0,01 millirem. Autrement dit, il faudrait manger au moins 1000 bananes pour obtenir l’équivalent d’une radiographie des poumons et augmenter son risque de décès d’un sur 1 million.

Mais il y a aussi le facteur temps qui entre en compte : si ce millier de bananes est étalé sur deux ou trois ans, l’effet est dilué par rapport à une radiographie d’un poumon.

N’y aurait-il pas un risque d’accumulation ? Non, parce que notre corps est ainsi fait qu’il maintient le niveau de potassium à un niveau à peu près constant : environ 120 grammes. C’est ce qu’on appelle l’homéostasie, et c’est vrai aussi des niveaux de calcium et de sodium. Une partie est constamment éliminée par l’urine ou par les selles.

Verdict

Oui, la banane est radioactive, mais on peut en dire autant d’une partie de ce que nous mangeons... et de la personne avec qui vous partagez votre lit, si tant est qu’elle respire en dormant (et émet ce faisant du dioxyde de carbone).

Ce texte est une adaptation du billet rédigé en anglais par Joe Schwarcz publié sur le site de l’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill.

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