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Le visage dans la foule
(ASP) - Le cerveau cache décidément bien des
mystères. En voici deux, cette semaine (voir
aussi le texte suivant), à moitié élucidés,
qui rappellent combien immensément complexe est notre
matière grise... et combien peu de choses nous savons
d'elle.
Selon une étude allemande parue dans l'édition
de janvier de la revue Nature Neuroscience, ce qu'on appelle
la mémoire des visages n'est en fait qu'une série
d'images-fantômes, composées de détails grossièrement
exagérés, et non des images aussi fidèles
qu'on l'aurait cru. Le cerveau peut ainsi se concentrer sur un
élément frappant du visage de la personne -par
exemple un gros nez- et l'emmagasiner comme souvenir. De sorte
que dans une foule, vous reconnaîtrez cette personne par
son gros nez.
Mais imaginons que vous vous mettiez à vivre pendant
des mois dans un pays de gros nez. Votre cerveau se mettra alors
à modifier l'image mentale qu'il a conservé de
cette personne -afin de pouvoir continuer à la distinguer
de la foule.
En fait, expliquent David Leopold et ses collègues
de l'Institut Max Planck à Tübingen (Allemagne),
ce que tout cela signifie, c'est que nos cerveaux se dessinent
une image-modèle: un genre de portrait moyen de l'humanité,
à partir duquel ils font ensuite ressortir un ou des éléments
hors-normes qui permettent de différencier une personne
d'une autre. Mieux encore, cette image-modèle n'est pas
coulée dans le béton: elle évolue en fonction
des rencontres, et de l'expérience de chaque individu.
Les chercheurs sont arrivés à ces résultats
grâce à des modèles informatiques de visages
qu'ils ont ensuite transformé à volonté,
avec l'aide de ces fameux logiciels qui permettent aux cinéastes
et aux publicitaires de transformer à l'écran un
visage. Et ils ont demandé à des "cobayes"
d'étudier ces visages et de les identifier, au fur et
à mesure que le logiciel les faisait évoluer.
"Ces résultats sont fascinants, commente pour
Nature Anya Hurlbert, spécialiste de la reconnaissance
de visages à l'Université de Newcastle (Angleterre).
Il est possible que ce (visage) prototype évolue de façon
importante en réponse à des changements plus importants
dans les visages que nous voyons -par exemple, si quelqu'un déménageait
de l'Iowa à un village isolé de la Chine."
Pascal
Lapointe
(4 janvier 2001)
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