La conquête du Pacifique
(ASP) - L'histoire de la conquête
du Pacifique reste en bonne partie teintée de
mystère. Quiconque a déjà regardé
une carte géographique de cette région
du globe reste sidéré par les distances
immenses qu'ont eu à parcourir les premiers habitants,
il y a des milliers d'années, sur des radeaux
de fortune. Et comme les traces laissées derrière
sont plus que fragmentaires, il reste difficile de savoir
qui a peuplé quelle île avant qui, et à
quel moment.
Des archéologues viennent de lever
une partie du mystère en se fiant aux céramiques.
Ces premiers indigènes, en se lançant
ainsi à l'assaut des mers, ont en effet transporté
avec eux divers pots et récipients. Et c'est
ainsi que de nouveaux fragments de pots et récipients
permettent de suivre à la trace l'odyssée
du peuple Lapita, depuis son point d'origine, en Asie
du Sud-Est, jusqu'à l'archipel des Tonga, à
des milliers de kilomètres de là. Odyssée,
le mot est faible: ces marins remarquablement audacieux
auraient, à eux seuls, colonisé une immense
portion du Pacifique, de la Nouvelle-Zélande
jusqu'à Hawaii, il y a plus de 3000 ans.
Les derniers fragments retrouvés
l'ont été dans un lagon de l'île
Tongatapu, la plus grande et la plus au Sud des îles
Tonga. Le pot original devait faire environ un mètre
de large. Impossible de savoir ce qu'il contenait mais
il y a fort à parier que s'il avait fait ce long
voyage, c'était pour conserver de la nourriture.
Qui plus est, ces fragments sont datés
de 2900 ans, ce qui repousse de 50 ans l'âge de
la plus ancienne poterie dans le Pacifique-Sud. Le type
de décoration diffère de plus des poteries
jusqu'ici retrouvées dans les Tonga.
L'emplacement de Tongatapu en fait un
site stratégique à partir duquel il est
possible de rayonner vers un très grand nombre
d'îles dans la région, ce qui justifierait
qu'elle ait été la première terre
colonisée, selon le géologue William Dickinson,
de l'Université de l'Arizona, qui a participé
aux recherches en compagnie de l'archéologue
David Burley, de l'Université Simon Fraser de
Colombie-Britannique, au Canada. Leur étude a
été publiée dans une édition
récente des Proceedings of the National Academy
of Science.