Fermiers et éléphants ne font pas
bon ménage
(ASP) - TCHIBANGA (Gabon) - Alors que
le braconnage et la chasse à l'éléphant
sont interdits au Gabon, le retour des troupeaux d'éléphants
destructeurs de plantations à Tchibanga, dans
le sud-ouest du pays, a servi de prétexte aux
chasseurs et à certains exploitants forestiers
pour ressortir leurs fusils.
"Nos plantations sont détruites
et nos récoltes compromises en cette période
de saison sèche", déclare un agriculteur
désemparé. Pour compenser les dégâts
occasionnés par les troupeaux d'éléphants,
les agriculteurs, généralement des villageois
pratiquant des cultures sur brûlis, ont émis
récemment le voeu de voir la loi sur la battue
des éléphants réactualisée.
Une réunion organisée un
samedi daoût par la direction générale
de l'environnement à Tchibanga et réunissant
les forestiers, les agents des Eaux et Forêts
et la police forestière, n'a pu répondre
aux attentes des villageois.
Mais si les chasseurs voudraient bien
utiliser comme prétexte ce retour des troupeaux,
cest aussi parce quil y a une grande demande
pour la viande déléphant notamment
sa trompe, "hautement prisée par les villageois
et les citadins", déclare un consommateur de
viande de brousse. Dans la capitale, la grande majorité
des Librevillois se tourne vers la viande de brousse
par goût. Le maintien d'une habitude alimentaire
est invoqué par environ 25% des consommateurs
de gibier et un peu plus de 20% d'entre eux reconnaissent
leur attachement culturel pour ce produit.
Mais l'approvisionnement sauvage et massif
des marchés en viande de brousse paraît
tout à fait disproportionné par rapport
à la demande réelle en gibier.
La brigade anti-braconnage demeure impuissante
malgré les descentes repétées sur
les marchés pour confisquer la viande de brousse
vendue mais interdite à la chasse. En fait, on
compte aussi parmi les agents de la brigade... des adeptes
de la viande de brousse.
Antoine
Lawson