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Le 9 août 2001



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Le premier clone sera-t-il italien?
(suite)

(ASP) - C'était à prévoir, les critiques se sont mises à pleuvoir sur les trois scientifiques qui ont annoncé, ce mardi, leur intention de réaliser le premier clonage d'un humain (voir notre manchette de cette semaine). Ils ne pouvaient pas ne pas s'y attendre, au point où plusieurs leur ont reproché d'avoir recherché cette publicité.

L'annonce a été faite à Washington dans le cadre d'un congrès de l'Académie nationale des sciences qui portait, justement, sur le clonage -et qui n'avait jamais attiré autant de journalistes. Congrès au cours duquel les spécialistes mondiaux du clonage, dont le "père" de Dolly lui-même, l'Ecossais Ian Wilmut, ont réitéré leur opposition au clonage humain. La trentaine d'embryologues, parmi les meilleurs de la planète, qui ont assisté à la présentation du Dr Severino Antinori, lui ont réservé un accueil "glacial", rapporte Libération.

L'opposition sévère, rappelons-le, ne concerne toutefois que le clonage reproductif, et non le clonage thérapeutique, et c'est en partie de là que vient la confusion entretenue dans le public. Le clonage reproductif, c'est la naissance d'un bébé qui constitue la copie conforme d'une autre personne -comme Dolly-la-brebis. C'est à cela que s'opposent la grande majorité des scientifiques -et c'est cela qu'assurent être sur le point d'accomplir ces trois experts. Le clonage thérapeutique en revanche, c'est la copie de cellules-souches, en vue de les amener à produire des organes ou des tissus, à des fins de greffes ou de transplantations. Une technique encore à développer, mais médicalement très prometteuse. Mais une technique qui nécessite apparemment -il y a débat là-dessus- des cellules d'embryons. En d'autres termes, on ne clone pas véritablement un individu, mais une poignée de cellules -si tant est que l'on considère que la "vie" ne commence pas dès le moment de la conception.

Le Dr Severino Antinori, cet embryologiste italien qui, à 55 ans, n'en est pas à sa première controverse en médecine de la reproduction, et son collègue américain, le Dr Panos Zavos, spécialiste de la reproduction à de l'Université du Kentucky, assurent avoir déjà recruté 200 femmes incapables d'avoir un enfant, et désireuses d'utiliser le clonage pour y arriver. Leur "projet" devrait commencer en novembre.

La troisième membre du trio est encore plus étrange: il s'agit du Dr Brigitte Boisselier, chimiste française mais surtout, évêque de la secte raélienne, qui avait déjà fait parler d'elle en mars dernier, lors d'une audience du Congrès américain sur le clonage (lire notre texte, et celui-ci, sur un laboratoire des Raéliens découvert peu après). Les Raéliens ont mis sur pied il y a deux ans une compagnie, Clonaid, avec pour but de réaliser le premier clone humain, et plusieurs femmes se sont là aussi portées volontaires pour "porter" le futur bébé en question.

Les hauts cris qui ont accompagné cette annonce, mardi, ont été dominés par des avertissements de scientifiques qui ont rappelé le taux d'échecs effarant de toutes les tentatives de clonage depuis cinq ans. Juste pour arriver à une Dolly bien portante, il a fallu plus de 270 tentatives. Autrement dit, 270 femelles qui ont été inséminées, dans certains cas ont porté un embryon mais ont fait une fausse couche, et dans quelques cas se sont rendues à terme, mais uniquement pour accoucher d'une brebis mort-née. Selon toute vraisemblance, le même scénario est voué à se répéter chez ces 200 mères recrutées par les deux médecins italiens. Et c'est sans parler des clones qui sont bel et bien nés, mais porteurs en nombre anormalement élevé de malformations, ou dotés d'un poids anormal, ou présentant des signes de vieillissement précoce de leurs gènes.

Cette annonce "est comme un jeu dangereux dont le but est de faire sensation; elle ne répond à aucun besoin médical" a déclaré depuis Moscou Vladimir Ivanov, directeur du Centre de médecine et de science génétique de l'Académie des sciences médicales de Russie. "C'est inapproprié et les risques sont injustifiés", a renchéri Alta Charo, professeur d'éthique et droit médical à l'Université du Wisconsin. "Le grand cirque des apprentis cloneurs", a titré Libération, affublant, comme d'autres, le Dr Antinori de l'épithète de "Dr Frankenstein".

Mais au-delà de cette volée de bois vert, une chose est devenue claire cette semaine: les Dr Antinori et Boisselier qui, jusqu'à maintenant, étaient considérés par une bonne partie des scientifiques comme des hurluberlus peu dangereux, ont démontré une fois pour toutes qu'ils étaient toujours en piste, et bien décidés à aller jusqu'au bout. Les signaux d'alarme des deux dernières années n'avaient pas eu beaucoup d'effets; cette fois, au contraire, on les prend au sérieux. Tant qu'ils auront sous la main des femmes prêtes à servir de cobayes -et les Raéliens, ferveur religieuse aidant, n'en manqueront pas- ils continueront.

Si ça vous donne froid dans le dos, vous n'avez encore rien vu…

 

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