Comment se procurer de l'anthrax
(ASP) - On ne se procure évidemment
pas danthrax à la pharmacie du coin. Mais
pour un amateur de guerre biologique, il est plus facile
den trouver que de trouver une éprouvette
contenant un virus Ebola.
Sauf que la véritable difficulté
nest pas là. La difficulté, si on
est un terroriste déterminé, cest
darriver à convaincre la bactérie
quest lanthrax dagir
comme on voudrait quelle agisse.
Lanthrax, ça se trouve dans
la nature, puisque la bactérie en question vit
dans le sol un peu partout dans le monde doù
elle ressort parfois pour infecter animaux et humains.
On ne peut pas savoir à lavance où
une épidémie surgira mais lexistence
dune épidémie peut être une
occasion, pour un terroriste, daller renouveler
ses " provisions " danthrax.
Lanthrax peut aussi sobtenir
dans des centres de recherche, des instituts où
on cultive des tissus organiques, ou des banques de
microbes; plus de 1500 de ces banques, à travers
le monde, "cultivent" plus dun million
de souches de micro-organismes, virus et bactéries,
certains dentre eux mortels. Tout dépendant
du coin de la planète où on se trouve,
pour sortir clandestinement un "échantillon",
il faut travailler soi-même dans ce laboratoire,
ou avoir un joli magot dargent pour corrompre
quelqu'un. Il y a peu, voire pas du tout, de coordination,
entre ces différents centres de recherche, hôpitaux
et instituts, et les règlementations varient
du tout au tout dun pays à lautre.
On sait que lIraq a fabriqué
des armes à lanthrax avant la guerre du
Golfe, en 1991, et peut-être encore aujourdhui.
Ce nest sûrement pas le seul pays.
Ceci dit, fabriquer des armes est une
chose. Fabriquer des armes qui fonctionnent, cen
est une autre.
Car une fois quon est parvenu à
se procurer de lanthrax, on n'est pas au bout
de ses peines. Encore faut-il avoir sous la main une
souche virulente: certaines sont en effet dangereuses,
dautres beaucoup moins.
Et une fois quon a sous la main
une souche virulente, encore faut-il la garder en vie:
cela signifie un laboratoire équipé de
la technologie de pointe, allant du contrôle de
la température jusquau suivi de la croissance
et de la multiplication de notre culture bactérienne.
Et pas seulement sa croissance en éprouvette :
il faudra tester sa virulence sur des souris, des hamsters,
des lapins, des chiens. Cest seulement si ça
fonctionne à toutes ces étapes que notre
terroriste pourra raisonnablement espérer que
la souche quil a sous la main pourra aussi contaminer
les humains.
Et ce nest pas encore fini. Une
fois quon la gardée en vie, et quon
sest assurée quelle se multiplie
chez des animaux sans perdre de sa virulence au passage,
il faut la transporter en-dehors du laboratoire: or,
certaines souches ne survivront pas au changement denvironnement.
Et quand bien même y survivraient-elles, une fois
relâchées dans la nature (par exemple,
vaporisées depuis un aérosol), certaines
mourront tout de suite, parce quelles nauront
pas trouvé assez vite un hôte (humain ou
animal). Ou parce quelles en auront trouvé
un, mais nauront réussi à lattaquer
que de façon superficielle (comme ce fut peut-être
le cas chez ce coursier floridien, la deuxième
personne diagnostiquée à lanthrax,
au début de la semaine).
Bref, on ne fait pas mûrir une colonie
danthrax dans le fond de son garage
ou de
sa caverne d'Afghanistan. Cest une tâche
de très longue haleine, nécessitant des
experts scientifiques de haut niveau, un équipement
technologique de pointe, de largent, et beaucoup
de patience.
Mais si on réussit à franchir
toutes ces étapes, alors on a vraiment sous la
main une arme propre à garder lennemi perpétuellement
sur le qui-vive.
Et garder l'adversaire sur le qui-vive
est souvent, l'Histoire l'a démontrée
à maintes reprises, le but visé par celui
des deux adversaires qui na pas les moyens financiers
de lutter sur le champ de bataille...