Cosmos et civilisation
(ASP) - La cosmologie peut-elle vraiment
nous aider à préparer lavenir de
notre civilisation ? Cest lhypothèse
pour le moins audacieuse que posent les deux auteurs
de lessai
de la semaine dans la revue américaine Science.
Rappelant tout d'abord que la cosmologie,
même si on ne l'appelait pas ainsi jadis, fut
d'une importance cruciale pendant l'Antiquité
et le Moyen âge, les auteurs essaient d'évaluer
son importance dans la culture du XXIe siècle.
Et plus exactement, l'importance qu'elle devrait avoir:
"nous aimons croire que notre génération
de cet Age de l'information est la plus intelligente
et la plus savante qui ait jamais vécu. Et pourtant,
la plupart des Occidentaux d'aujourd'hui n'ont aucune
idée de ce à quoi ressemble notre Univers,
ni de la façon d'appréhender la place
des humains dans le cosmos", écrivent Nancy Ellen
Abrams, "avocate, écrivaine et artiste", et son
époux, Joel R. Primack, professeur de physique
à l'Université de Californie à
Santa Cruz.
Les peuples qui nous ont précédés
dans l'histoire avaient au moins l'avantage, par rapport
à nous, de réfléchir sur leur place
dans le cosmos, sur l'évolution, passée
et future de ce cosmos, sur leur identité face
à un contexte beaucoup plus vaste -la cosmologie,
c'est ça. Lorsque la science a pris la place
des croyances traditionnelles, un vide s'est créé.
Or, poursuivent-ils, la cosmologie moderne
est sur le point d'accoucher d'une révolution
scientifique. Des télescopes de plus en plus
précis permettent d'obtenir des données
sur les lieux les plus reculés de l'Univers,
et ainsi, de remonter de plus en plus près de
l'origine elle-même. "L'histoire des origines
qui en résultera sera la première à
être basée sur des preuves scientifiques,
et à être créée par des gens
provenant de différentes religions, et de partout
dans le monde." En d'autres termes, pour la première
fois de l'Histoire, on se retrouvera avec une cosmologie,
une histoire de nos origines, qui n'exclut aucun individu,
peu importe sa religion ou sa couleur de peau.
Pour les astronomes, ou pour ceux habitués
à jongler avec ces concepts, ce pas a évidemment
été franchi depuis longtemps. Mais pour
la majorité de la population, pour qui les étoiles
ne sont guère plus que de vagues lueurs scintillant
dans le ciel, ce sera une nouvelle réalité.
Pour l'instant, "la plupart des gens scolarisés
du XXIe siècle vivent dans une cosmologie définie
par une image du XVIIe siècle, celle d'un univers
froid, vide, mêlé à des fragments
de récits traditionnels et de doutes sur ce qui
est réel. Plusieurs n'ont pas pleinement absorbé
les découvertes d'il y a près d'un siècle
sur l'immensité de l'univers
" Et il y a
une responsabilité: pour que l'actuelle cosmologie
s'intègre dans la culture populaire, il faudra
que les scientifiques, mais aussi les artistes et tous
ceux qui se sentent une fibre créative, "tentent
de comprendre l'image qui se dégage et tentent
de percevoir et exprimer le sens qu'elle a pour nous.
Une cosmologie vivante pour une culture du XXIe siècle
en émergera, où la nature scientifique
de l'univers deviendra édifiante pour tous les
êtres humains."