Sauvez les baleines
(ASP) - Sauver les baleines, un travail
de titan? Cela dépend desquelles. Et encore faut-il
que l'on considère qu'il n'est pas trop tard.
Selon une étude récente,
il suffirait d'épargner deux femelles par an
pour arrêter le déclin de la plus menacée
des espèces de baleines, la baleine noire de
l'Atlantique. Ce qui est à la fois une bonne
et une mauvaise nouvelle: une bonne, parce que l'objectif
est mesurable; une mauvaise, parce que cela révèle
à quel point cette espèce est au bord
de l'extinction.
C'est que les femelles sont les plus vulnérables
de ces bestioles, spécialement lorsqu'elles deviennent
des mères, écrit Masami Fujiwara et Hal
Caswell, dans une édition récente de la
revue Nature. Ceux-ci ont consacré une
vingtaine d'années à étudier les
baleines noires de l'Atlantique, dont la population
ne serait plus que de 300 aujourd'hui. Et bien qu'ils
n'aient pas d'explication claire, le verdict des chercheurs
est sans appel: "une fois qu'elles deviennent mères,
leur taux de mortalité augmente".
L'espoir de ces chercheurs, de l'Institution
océanographique Woods Hole du Massachusetts,
c'est donc que leurs résultats poussent les écologistes
à mieux concentrer leurs efforts. On connaît
par exemple déjà les régions où
les femelles se retrouvent en plus grand nombre -notamment
les territoires d'accouplement, près de la côte
du Sud-Est des Etats-Unis. Mais la crainte, devant un
résultat si précaire, c'est que ces baleines
noires de l'Atlantique ne soient déjà
une cause perdue: un accident statistique en apparence
mineur, comme une année où les naissances
se feraient plus rares, pourrait conduire cette population
en-dessous du seuil où il n'y a plus rien à
faire pour assurer sa survie. "Plus réduite est
une population, plus grands sont les impacts d'un accident
de parcours."