Mauvaises nouvelles d'Europe
(ASP) - Sil y a de la vie sur Europe,
cette mystérieuse lune de Jupiter, elle est peut-être
à jamais hors de portée des Terriens.
Une des questions qui se pose depuis des
années aux chercheurs qui étudient cette
lune, cest lépaisseur de sa couche
de glace: on sait en effet quEurope est recouverte,
dun Pôle à lautre, dune
épaisse couche de glace, mais combien de temps
faudrait-il creuser avant darriver à la
couche deau liquide qui à ce quon
suppose- est cachée là-dessous? Les optimistes,
en se basant sur la structure de cette lune et sur les
fissures observées à la surface, disent
un kilomètre: avec cette épaisseur, la
lumière du Soleil pourrait atteindre de temps
en temps les formes de vie grouillant là-dessous,
et un robot envoyé par les lointains humains
pourrait aller fureter.
Mais selon une analyse des cratères
visibles à la surface dEurope, que viennent
de publier dans
la revue Science deux chercheures du Laboratoire
lunaire et planétaire de lUniversité
de lArizona, la glace ferait plutôt de trois
à quatre kilomètres dépaisseur.
Certes, on est loin des hypothèses pessimistes
qui parlaient de plus de 20 kilomètres, en se
basant, là aussi, sur lapparence de cette
banquise, sur ses déformations et sur de complexes
modèles informatiques tentant dévaluer
les forces conjuguées de lattraction de
Jupiter et dune activité volcanique souterraine
sur Europe. Avec une telle épaisseur, toute hypothétique
forme de vie devrait attendre 100 000 ans avant de recevoir
quelques fragments dénergie de la surface:
que ce soient les rayons du Soleil ou les radiations
émises par Jupiter. Bref, elle aurait besoin
de solides réserves dénergie là-dessous
pour survivre, ce qui impliquerait des formes de vie
très faibles, ne dépassant pas le stade
du micro-organisme.
Avec trois ou quatre kilomètres
dépaisseur au-dessus deux, ces "Europiens"
seraient plus gâtés (il faudrait trois
à quatre jours à ces sources dénergie
pour les atteindre), mais pas mal moins que si la glace
ne faisait quun kilomètre: avec ce scénario
optimiste, ils auraient eu accès en permanence,
ou presque, à une source dénergie
extérieure et auraient ainsi pu croître
et se multiplier. Avec le modèle décrit
dans Science, sur la configuration des impacts
de météorites et de comètes, et
la façon dont la glace sest vaporisée
sous la chaleur de la collision, avec ce modèle
donc, on "élimine
le scénario mince", résument
Elizabeth Turtle et Elisabetta Pierazzo. Et pour ceux
qui planchent sur ce à quoi pourraient ressembler
les Europiens -sils existent- on en revient donc
à l'image d'une forme de vie primitive et constamment
au bord de lextinction.