Semaine du 15 janvier 2001

En manchette cette semaine:
Que le véritable humain se lève


Archives des capsules


LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science

A lire aussi:

Capsules québécoises


Retour à la page d'accueil


La science d'ici et d'ailleurs est une production Agence Science-Presse

Retour au sommaire des capsules

Notre cousin est un OGM

(ASP) - Or donc, ils l'ont fait. Ils ont pris notre plus proche cousin, ils ont ajouté un gène à un embryon, et ils ont regardé ce qui se passait.

Le premier OGM-singe est né, pourrait-on dire : car ce mignon singe rhésus dont la photo a fait le tour du monde la semaine dernière, est bel et bien cela: un organisme génétiquement modifié. Plus précisément, un primate génétiquement modifié. Un primate auquel on a ajouté le gène responsable de la fluorescence de la méduse -oui, la bestiole sous-marine- juste pour voir s'il était vraiment possible de modifier ou d'ajouter un gène dans un embryon de primate.

Et parmi les autres primates qui attendent leur tour, il y a bien sûr les humains...

Personne n'a été surpris de la nouvelle. En fait, certains étaient même étonnés d'apprendre que cela ne se soit pas produit plus tôt. On avait déjà vu naître des bactéries génétiquement modifiées (dont celle de la levure, qui, adéquatement altérée, produit des protéines telle que l'insuline), des plantes, des souris... Pourquoi pas un singe ? Eh bien voilà. ANDi, comme les chercheurs l'appellent en croyant faire de l'humour (les lettres ANDI constituent l'anagramme de ADN inséré) est né le 2 octobre. Certes, le gène étranger qu'il porte, appelé GFP, lui est totalement inutile (et inoffensif). Mais le pas est franchi, et bien franchi : non seulement ANDI vit-il avec ce gène de méduse, mais en plus, puisqu'il fait désormais partie de son bagage génétique, il devrait normalement pouvoir le transmettre à ses enfants. Ce dernier " détail ", avec toutes les interrogations morales et éthiques qu'il entraîne, devra être vérifié dans quatre ou cinq ans, quand ANDI commencera à regarder les filles...

Rappelons que les chercheurs croient depuis longtemps que la médecine du futur pourrait, en insérant des gènes spécifiques (des gènes produisant, par exemple, une protéine guérisseuse ou "réparatrice"), altérer le cours d'une maladie telle que le cancer ou le diabète. Ou même, empêcher son apparition... si on insère le gène en question avant la naissance. Le rêve du bébé parfait, en somme...

Certes, il y a encore du chemin à faire: sur 224 tentatives de fertilisation d'un ovule à l'intérieur duquel avait été inséré ce gène supplémentaire, seulement 40 se sont rendues jusqu'à l'embryon ; 20 de ces embryons ont été réimplantés quelques heures plus tard dans le ventre d'une mère-porteuse, mais seulement cinq ont abouti à une grossesse, et seulement trois à une naissance. Et de ces trois, seul ANDi semble être réellement porteur du fameux gène. Il faudra donc encore des années avant que médecins et généticiens puissent vraiment prétendre maîtriser la technique. Mais ils ont démontré que c'était chose du possible. L'expérience, menée au Centre régional de l'Oregon sur les primates, est rapportée dans la dernière édition de la revue Science.

Les défenseurs des droits des animaux se sont immédiatement inquiétés : assisterait-on aux débuts du remplacement des souris par des singes, dans les expériences de laboratoire ? Mais ils se sont inquiétés pour rien. Génétiquement modifiés ou pas, les singes se reproduisent beaucoup trop lentement pour devenir les futurs rats de laboratoires... Par contre, pour certaines maladies, comme l'Alzheimer ou le Parkinson, des maladies en partie génétiques, la proche parenté entre les singes et nous pourrait effectivement faire d'eux des cobayes plus utiles que les souris...

Ah, et au cas où vous vous poseriez la question : non, ce "gène de la fluorescence" ne permet pas à ANDI de briller dans le noir d'une lueur verte. Ce n'est qu'un gène dit "marqueur", suffisamment caractéristique pour permettre d'être repéré par les experts, lorsqu'ils veulent s'assurer qu'il a bel et bien été transféré. Il s'est révélé si utile, ce gène, qu'au cours des dernières années, on l'a aussi inséré -toujours en laboratoire- dans des plantes, des grenouilles et des souris. Il produit une molécule qui, elle, est responsable de la fluorescence. Chez ANDI, cette molécule n'est pas active -ce qui fait que ce singe ne pourra pas servir de lampe en cas de panne d'électricité.

Pour ceux qui douteraient encore du caractère irréversible de cette marche vers le "progrès", rappelons que cette nouvelle percée survient environ un an après la naissance du premier clone de singe -là aussi, un singe rhésus- baptisé Thétra. Ce clone était le résultat des travaux d'une équipe dirigée par le chercheur Gerald Schatten, professeur d'obstétrique et de gynécologie... et l'un des principaux membres de l'équipe ayant aujourd'hui donné naissance à ANDI. "Nous espérons, résume-t-il, lancer le pont par-dessus le gouffre qui sépare les souris transgéniques des humains." Quelle sera la prochaine étape?

Capsule suivante

Retour au sommaire des capsules

Vous aimez ces capsules? L'Agence Science-Presse en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science et technologie. Vous voulez vous abonner à Hebdo-Science ou vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!

 

 

En manchettes sur le Net

La Science d'ici et d'ailleurs

Le Kiosque

Science pour tous

Hebdo-Science

Meilleurs sites en science

Bric-Ì-Brac

CyberExpress

C'est quoi l'ASP

Hommages Ì...

La Qu®te des origines

Le Monde selon Goldstyn

Questionnaire