Du gène à la protéine, il
y a bien plus qu'un pas
(ASP) - Ne confondez
pas recherche sur le génome et chasse aux protéines.
On a souvent répété, ces derniers
mois, quà présent quon avait
achevé le séquençage du génome
humain, allait samorcer la chasse aux protéines
produites par nos gènes le protéome,
en termes savants. Ces deux voies de recherches -le
gène et la protéine- semblent à
se point liées que le public intéressé
commence à considérer le décodage
du protéome comme lopération "génome
2". Or, ce serait une erreur. En dépit de
leurs similitudes, il ne faudrait pas confondre HUGO
(le projet Génome humain, ou Human Genome Organization)
et HUPO (le projet Protéome humain).
HUGO, écrit
la revue Nature en
éditorial, était à la fois
un promoteur et un coordinateur dun vaste mouvement
de recherche international en génomique. Mais
HUPO, qui commence à peine à naître,
devra se battre pour se faire une pareille place.
Parce quen dépit
des critiques qui ont entouré la "course"
au génome humain, entre Hugo, qui était
financé par les gouvernements, et les compagnies
privées, Celera en tête, en dépit
de ces critiques donc, Hugo a largement contribué
à donner une voix à la génomique.
Sans son travail immense, qui remonte à aussi
loin que 1989, il nest pas sûr quon
en serait là où on est aujourdhui.
Mais 2001 na
plus rien à voir avec 1989. Alors que lobjectif
dHugo était relativement facile à
imaginer, même pour un profane, celui dHupo
est plus diffus : oui, on veut connaître
toutes les protéines, mais il ny aura vraisemblablement
jamais une et une seule carte de nos protéines.
Un protéome doit plutôt être vu par
lensemble des protéines produites par un
génome pendant toute la durée de vie dun
individu. Or, en biologie ou en médecine-
ce qui importe vraiment, cest une photographie
des protéines à un moment précis
de lexistence, dans telle et telle circonstances,
et par un type particulier de cellules. Vu de cette
façon, le protéome humain devient quelque
chose de beaucoup plus dynamique que le génome...
et quelque chose dont il faudra pas mal plus de temps
avant despérer en avoir fait le tour.
Ajoutons à cela
quon nest plus en 1989, année où
la recherche sur le génome était regardée
avec beaucoup de scepticisme. Aujourdhui, largent
pleut dans ce secteur de la recherche. Un motivateur,
un coordinateur, un mentor, nest plus vraiment
nécessaire. Qui sait, même, sil ne
serait pas vu comme une nuisance...