La pénicilline responsable du sida?
(ASP) - Une nouvelle théorie sur
les origines du sida pointe une fois encore une possible
négligence médicale dont auraient été
victimes les Africains. Selon une équipe de recherche
américaine, l'usage de seringues non-stérilisées
lors des campagnes massives d'injections de pénicillines,
dans les années 50, pourrait expliquer la propagation
de cette maladie.
Vingt-trois millions d'Africains avaient
alors reçu ces injections, soulignent ces chercheurs
du Centre médical Montefiore, dans l'édition
du 8 décembre de la revue médicale britannique
The Lancet.
La pénicilline est un antibiotique,
et les antibiotiques étaient encore un remède
jeune à l'époque, qui suscitait un enthousiasme
débordant -au point où les Nations Unies
avaient organisé cette campagne massive de vaccination,
dans l'espoir d'ainsi réduire l'énorme
poids des maladies infectieuses qui frappait -et frappe
encore- le continent noir.
"Ce serait une cruelle ironie, si l'introduction
des antibiotiques en Afrique pendant les dernières
années de la période coloniale, pouvait
être associé aux origines du sida", écrit
le chercheur principal, Ernest M. Drucker.
Ce qui a pu se passer, selon eux, c'est
une contamination: le VIS, ou virus d'immuno-déficience
simiesque, ce cousin du VIH (H pour humain), aurait
été transmis aux humains: jusque-là,
rien d'étonnant, c'est l'hypothèse privilégiée
par les chercheurs depuis plus de 10 ans. Mais comment
ce transfert a-t-il eu lieu? En partiet à cause
d'une particularité du VIS: les humains peuvent
effectivement être infectés, bien que sa
durée de vie chez eux soit généralement
très courte. Sauf que le "généralement"
est ici au coeur du problème: 'avec une campagne
aussi massive de vaccination, et l'usage de seringues
non-stérilisées, le virus pouvait se promener
d'une personne infectée à une autre, multipliant
ainsi le nombre de personnes porteuses du virus. Or,
avec 23 millions de gens vaccinés, il suffisait
qu'une mince proportion de ces VIS subisse une mutation
les transformant en VIH -le virus responsable du sida-
et le tour était joué: statistiquement,
le sida ne pouvait faire autrement que croître
et se multiplier.