Le décodage de la semaine
(ASP) - Connaissez-vous lAgrobactrium
tumefaciens? Peu le connaissent, sauf les généticiens
qui ont passé les dernières années
à décoder lentièreté
de son bagage génétique. Il sajoute
ainsi aux centaines de bestioles dont lhumain-
qui ont déjà été passés
au crible.
Et sil mérite quon
parle de lui, cest parce que cet être vivant
est un microbe qui, dans les sols où il vit,
agit comme lun des meilleurs "ingénieurs
génétiques" de la nature. Il a une
capacité que lui envient tous les Monsanto de
ce monde: celle de transférer des gènes
étrangers dans une plante.
A ce sujet, ce nest pas dhier
que des experts ont loeil sur lui: il y a 25 ans
quon a découvert ce talent à lAgrobactrium
tumefaciens. Depuis, il est devenu "le cheval de
bataille de lindustrie des biotechnologies agricoles",
résume
pour la revue Science Joe Ecker, botaniste à
lInstitut Salk détudes biologiques,
à La Jolla, Californie. Revue Science
qui publiait, la semaine dernière, deux recherches
entourant le décodage des 5,6 millions de paires
de base constituant le génome de cette bestiole.
Lune
de ces recherches était dirigée par Steven
Slater, généticien des bactéries
chez Cereon Genomics, de Cambridge, Massachusetts une
compagnie privée. Lautre
était dirigée par Eugene Nester, microbiologiste
à lUniversité de Washington à
Seattle.
La connaissance de ce génome donnera-t-elle
un coup de pouce à tous ceux qui tentent de réaliser
des organismes modifiés génétiquement?
Cest lespoir quils caressent mais,
comme pour toutes les découvertes des dernières
années en génétique, le pas entre
lidentification dun gène et son application
pratique est souvent de la taille dun gouffre.
Pour linstant, les chercheurs ont fait avancer
la connaissance en pointant du doigt la façon
dont cette bactérie infecte une des 600 espèces
de plantes dont elle est friande et linfection
est le moment-clef, puisque cest alors que la
bactérie lui transfert une partie de son ADN.
Cette infection entraîne la croissance de masses
aux apparences de tumeurs, à la base de la plante:
masses qui peuvent causer des dégâts...
économiques, puisquelles peuvent, par exemple,
détruire tout un vignoble. Mais à léchelle
moléculaire, le portrait nest pas aussi
désastreux: grâce à lADN de
la bactérie quelle a incorporée,
la plante peut produire des hormones de croissance lesquelles,
en retour, stimulent la croissance des fameuses masses
aux allures de tumeurs, lesquelles tumeurs produisent
davantage de composés de carbone, dont se nourrit
lAgrobactrium tumefaciens... ce qui lui permet
de lutter contre toute bactérie étrangère
qui tenterait de "coloniser" la tumeur.