Téléphones portables à la
sauce camerounaise
DOUALA, Cameroun (ASP) - Après
les vêtements griffés, la télé,
linformatique, les voitures de luxe, voilà
que le téléphone portable, nouveau symbole
des technologies de pointe des pays riches, a envahi
les rues de Douala, la métropole commerciale
du Cameroun.
On en voit partout, de couleur rouge-cola,
noire-noisette, chocolat, jaune-bombon, vert-fluorescent,
caramels, bleu-métal...! Jusqu'aux chômeurs
qui, à défaut de trouver un job, consolent
leur narcissisme en arborant avec orgueil et respect
ces objets déchargés, qui ne les relient
en fait à rien... surtout pas au service d'embauche
du Fonds national pour l'emploi ! D'autres encore, tiraillés
entre leurs parents et dulcinées volontairement
exilés, exhibent leur snobisme extra-continental
en de longues conversations nostalgiques et platoniques
!
De fait, après les joyeuses décennies
consacrées à la vénération
des sapes, des eaux de toilettes, griffés Dior,
Givenchy, Lanvin, Kenzo, Weston, Yves Saint Laurent,
la nouvelle noblesse africaine a son nouveau signe extérieur
de richesse, symbole de ralliement aussi voyant et criard
que le gyrophare d'une ambulance! Le cellulaire trône
déjà en maître dans les arrière-cours
les plus mal famées. Et tant pis pour la haine
entre les classes pourtant bien entretenue par le climat
de misère ambiant, comme nous le rappelait cet
homme d'affaires de la ville, cossu, détenteur
de quatre cellulaires toujours chargés et lui-même
toujours engoncé dans son costard de luxe: "ça
fait désordre ! On ne sait plus qui est qui !
"
Antoine Lawson