Vaccin contre le bioterrorisme: le confort et
l'indifférence
(ASP) - Les enveloppes parfumées
à lanthrax révèlent cruellement
des trous dans les capacités médicales
des pays du Nord. Des trous que lon doit en bonne
partie à un société indifférente
à ce qui se passe au-delà de ses frontières,
et à un manque dintérêt commercial...
C'est que créer un vaccin, ça coûte
cher.
Certes, des traitements existent contre
toutes les formes de bioterrorisme imaginées
depuis cinq ans: la bactérie du charbon, la peste
noire, la variole, le botulisme, se soignent avec des
antibiotiques, des vaccins, ou les deux. Mais dans chaque
cas, des traitements plus efficaces et moins coûteux
auraient pu être mis au point à nimporte
quel moment des cinq dernières années,
si la volonté avait été présente.
Elle ne la pas été.
Deux mois seulement avant le 11 septembre,
le ministère américain de la Défense
déposait au Congrès un rapport, passé
inaperçu à ce moment, où il concluait
sans ménagement que, même après
cinq ans dalertes au bioterrorisme, le système
militaire en place pour développer de nouveaux
vaccins, ne serait-ce que pour protéger les troupes
contre lanthrax ou la variole, "était
insuffisant et voué à léchec".
Le rapport serait devenu aujourdhui
pas mal plus présent dans les cercles politiques,
selon un reportage de
la revue Science. Mais il ne suffira pas
de débloquer des budgets (le rapport parle de
3,2 milliards$, uniquement sous la forme dun programme
militaire) pour renverser la vapeur: développer
un vaccin représente un défi scientifique,
et le tester présente plusieurs défis,
surtout quand le mal quil doit combattre nest
pas répandu dans la population, au contraire
de la grippe ou la malaria pour lesquels il nest
jamais difficile de trouver des "cobayes".
Le cas extrême est bien entendu la variole, dont
on na plus enregistré un seul cas chez
les humains depuis un quart de siècle: comment
voulez-vous tester efficacement un vaccin dans de telles
conditions?