Protéger les centrales nucléaires
avec des... missiles
(ASP) - À grande fin, grands moyens.
Pour protéger ses centrales nucléaires
de la chute éventuelle dun avion - kamikaze
ou non - le gouvernement français va faire appel
à un dispositif conçu au départ
pour défendre ses bases militaires. Dici
la semaine prochaine, larmée devrait installer
un "bouclier anti-aérien" tout autour
de lusine de retraitement des déchets nucléaires
de la Hague, dans la Manche, avant
détendre son dispositif à dautres
sites sensibles.
Le système se
compose de radars et de missiles mobiles sol-air Crotale
qui "filent à trois fois la vitesse du son
et peuvent atteindre des altitudes de 6000 mètres
à 8 kilomètres de distance". Par
ailleurs, des mirages F1 sont arrivés sur la
base de Lann-Bihoué, tout près du site,
et sont prêts à décoller à
la moindre alerte.
La menace de voir sécraser
un avion sur la Hague, ou sur tout autre installation
nucléaire, est en effet devenue bien plus concrète
depuis le 11 septembre. Lusine gérée
par la Cogema retraite les déchets de nombreuses
centrales nucléaires françaises et étrangères.
Sept mille cinq cent tonnes de combustibles usés
sont refroidies en permanence dans 5 piscines et 55
tonnes de plutonium sont stockées sous forme
de poudre. Cela représente lune des plus
grandes concentrations de radioactivité du monde.
Une étude réalisée pour la direction
générale de la recherche de lUnion
européenne, achevée fin août, a
conclu que la chute dun avion de ligne sur lusine
pourrait avoir des conséquences comparables à
celles de laccident de Tchernobyl.
Mais les dispositifs de sécurité
sont loin dêtre adaptés. Une quinzaine
de jours après les attentats de New York, le
petit avion dune équipe de télévision
allemande accompagnée dun membre de Greenpeace
est parvenu à sapprocher tout près
de lusine de retraitement. Les images diffusées
sur la chaîne allemande ZDF ont augmenté
linquiétude des Européens. En réaction,
des manifestations antinucléaires ont regroupé
le week-end dernier 10 000 personnes sur tout le territoire
français, répétant "un
crash sur la Hague, cest 67 Tchernobyl",
selon les chiffres dune expertise réalisée
cette fois par lorganisation militante Wise.
Outre des journalistes et un écologiste,
dautres visiteurs ont sans doute fréquenté
le ciel de la Hague ces derniers jours. Daprès
le quotidien Ouest-France, le site a été
survolé par plusieurs avions à basse altitude.
Quils soient loeuvre de petits malins ou
de terroristes, ces vols confirment lurgence du
déploiement dun système de défense
plus serré autour de lusine...
Isabelle Cuchet
Voyez aussi notre section spéciale
Après le 11 septembre