Cultiver bio et faire tout de même des profits
(ASP) - La nourriture
"bio" coûte plus cher à produire,
nécessite davantage de travail, et se vend moins
bien parce que, eh bien oui, elle coûte plus cher.
Bref, il faut avoir la vocation.
Du moins, cest
ce quaffirme la croyance populaire. Mais une étude
parue dans la dernière édition de la revue
britannique Nature donne
un croc-en-jambe à cette croyance. Selon
une analyse menée dans trois champs expérimentaux
de lUniversité de lEtat de Washington,
il semble que, dans certaines conditions, lagriculture
dite "biologique" puisse, dune part,
être plus profitable, dautre part, produire
des fruits plus savoureux et enfin, être moins
dommageable pour lenvironnement.
John Reganold et ses
quatre collègues ont comparé des pommes
dans chacun de ces trois champs: dans le premier cas,
cultivées au moyen des méthodes qualifiées
-dans les milieux chargés de définir ces
choses-, de "biologiques"; dans le deuxième
cas, au moyen des méthodes traditionnelles; et
dans le troisième cas, avec un mélange
des deux premières méthodes.
Létude
sest étalée sur six ans, et cest
peut-être cela qui lui a permis de faire une différence :
parce quau début, les vergers biologiques
traînaient effectivement de la patte. Ce nest
quà la fin des six années quon
pouvait sapercevoir, en comparant les productions,
que les "bios" se classaient premiers en terme
defficacité du travail. Suivies des "hybrides",
puis des "traditionnelles". Et une dégustation
à laveugle aurait apparemment permis de
conclure que les "bios" sont meilleures...
Les chercheurs admettent
toutefois que leurs conclusions ne sappliquent
pas nécessairement à tous les types de
cultures. Le problème en fait, lorsquon
tente de mesurer "lefficacité"
de lagriculture biologique, est quil y a
une foule de paramètres à évaluer,
dont la taille du champ et le type de culture pratiquée.
Interrogé par Nature qui a consacré
sa
page couverture à cette étude- Dennis
Avery, directeur du Centre de recherche en alimentation
de Churchill (Virginie), explique que le problème
soulevé régulièrement par les critiques
de lagriculture bio ne se trouve pas tant dans
la culture intensive de fruits comme un verger-
que dans lagriculture à grande échelle,
comme le blé, le maïs ou le riz : cest
dans ces immenses champs quon constate que la
"bio" ne peut pas soutenir le rythme de la
"traditionnelle". "Les champs biologiques
sont de 50 à 60% moins productifs par acre",
affirme-t-il.
Depuis le début
des années 90, lagriculture biologique
est le secteur de lagriculture qui connaît
la plus forte croissance en Amérique du Nord
et en Europe -les inquiétudes des consommateurs
pour leur alimentation lui ayant donné un solide
coup de pouce.