La différence entre les singes et nous:
un sucre
(ASP) - On évalue
généralement que la différence
entre les humains et les grands singes (chimpanzés,
gorilles, etc.) se résume à 1 ou 2% de
nos bagages génétiques. Mais ceci n'est
qu'une estimation. En réalité, jusqu'ici,
la seule différence génétique sur
laquelle on a vraiment réussi à mettre
la main, c'est un gène qui encode une enzyme
responsable de la production d'un sucre appelé
acide sialique: les chimpanzés, et en fait tous
les mammifères connus, ont ce gène; les
humains, non.
Est-ce à dire
qu'un sucre est le propre de l'homme? Sans aller jusque-là,
Ajit Varki et son épouse et collègue Nissi
Varki, de l'Université de Californie à
San Diego, affirment que cette découverte fournit
une clef sur la façon dont "des pressions évolutives
et la biologie moléculaire interagissent pour
produire des changements qui ont de multiples conséquences".
En d'autres termes, un aussi petit changement pourrait
avoir, à long terme, des conséquences
insoupçonnées. Serait-il par exemple possible
qu'un changement aussi minuscule ait pu aider le cerveau
à mieux fonctionner -avec pour résultat
que, quelques millions d'années plus tard, vous
puissiez être en train de lire ce texte?
Personne ne s'avance
à suggérer qu'on ait trouvé la
clef de l'intelligence humaine: ce serait trop simple
pour être vrai. Mais cela révèle
qu'une différence microscopique, en apparence
tout à fait banale, pourrait effectivement avoir
des impacts que nous commençons à peine
à imaginer... Interrogé par la revue Science,
qui publie également la recherche du couple Varki,
Bernard Wood, spécialiste de l'origine humaine
à l'Université George Washington de Washington,
commente: "en ce qui concerne les tentatives pour comprendre
comment les humains s'insèrent dans le reste
du monde, ce travail est très important. C'est
l'un de ces petits morceaux de biologie qui deviendra
un classique à citer."