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Le 31 octobre 2001



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Le risque de l'obsession Cipro

(ASP) - Le monde occidental est en train de tomber en amour avec le Cipro, cet antibiotique réputé venir à bout de la bactérie du charbon. Mais il y a un prix à payer, et il est beaucoup plus lourd que les attaques à l'anthrax: en l'avalant à tort et à travers, on risque de développer chez cette bactérie ce qu'on a développé chez nombre de bactéries depuis 30 ans, une résistance à cet antibiotique.Voire une résistance chez d'autres bactéries.

Et qu'arrivera-t-il si, parmi les souches de la bactérie du charbon manipulées par de vilains terroristes, ceux-ci en accouchaient d'une qui soit capable de résister au Cipro?

On l'entrepose, on l'achète en énormes quantités, les médecins le prescrivent sans trop réfléchir. Pour reprendre l'expression de l'animateur du réseau NBC Tom Brokaw, lui dont l'adjointe a été infectée par une lettre: "In Cipro We Trust". Or, on sait pourtant ce qui est arrivé aux antibiotiques sur-utilisés: ils sont en train de devenir inefficaces. A titre d'exemple, une bactérie que l'on croyait il y a 10 ans en voie d'être éradiquée, la bactérie de la tuberculose, a aujourd'hui, dans de plus en plus de coins du monde, développé une résistance à la plupart des antibiotiques connus. Cela, parce que, pendant des années, on a prescrit des antibiotiques à tort et à travers.

Le mécanisme est simple: prenez une population d'un milliard de bactéries, et bombardez-la d'antibiotiques. La grande majorité vont mourir. Mais s'il n'y en a que deux ou trois qui résistent, parce qu'ils ont, par une mystérieuse mutation, le gène qui leur permet de survivre, ces deux ou trois vont engendrer une descendance résistante à l'antibiotique.

Certes, si ces deux ou trois bactéries sont dans votre organisme, elles ont de bonnes chances de mourir à leur tour, faute de masse critique suffisante. Mais si ces deux ou trois bactéries se retrouvent chez un million d'individus, parce qu'on a sur-prescrit et sur-utilisé l'antibiotique en question, tôt ou tard, statistiquement, cette nouvelle famille de bactéries résistantes va croître, se multiplier, se répandre, et prendre le dessus sur ses comparses non-résistantes.

C'est le risque qui pend au nez de l'obsession Cipro actuelle.

Cet antibiotique, de son nom complet ciprofloxacine, est devenu populaire pendant la Guerre du Golfe, il y a 10 ans. Parce qu'on craignait que Saddam Hussein ait développé un programme d'armes biologiques, et parce qu'ils n'avaient pas suffisamment de vaccins contre l'anthrax, les dirigeants américains ont eu à choisir, parmi la douzaine d'antibiotiques sur le marché, celui qu'ils distribueraient massivement à leurs soldats. Le Cipro a emporté la mise. Ou plus exactement, la compagnie Bayer a décroché le contrat: 30 millions d'unités. Stratégie de relations publiques oblige, elle n'a pas manqué de le faire savoir. Et c'est ce qui explique qu'on ne jure plus que par lui aujourd'hui.

Mais il y en a d'autres qui sont tout aussi efficaces. En fait, après 10 ans, le Cipro n'a plus cette avance sur ses concurrents qu'on lui prêtait alors, si avance il y avait vraiment. A trop s'en remettre à lui, et pendant aussi longtemps, on multiplie donc les risques de voir nos deux ou trois bactéries résistantes former une famille de plus en plus imposante. Déjà, des chercheurs ont fait état de résultats préliminaires sur des expériences en laboratoire, où on a assisté à l'apparition de familles de bactéries (des "souches", en langage savant) résistantes au Cipro. Une petite fenêtre ouverte sur un avenir de moins en moins lointain…

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