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semaine du 4 juin 2001



Sauver l'Afrique par la science


Pendant que ce petit garçon, devenu idole internationale, succombait finalement au sida qu’il portait en lui depuis sa naissance, des tas de gens commençaient à se demander tout haut, pour la première fois, s’il ne faudrait pas faire quelque chose pour sauver l’Afrique. Les scientifiques n'ont-ils pas un rôle à y jouer?


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Le secrétaire général des Nations Unies avait annoncé il y a quelques semaines la création d’un Fonds spécial d’aide à la lutte contre le sida, mais encore fallait-il que les pays riches y contribuent. Depuis la semaine dernière, c’est chose faite: profitant du 20e anniversaire du début de l’épidémie mondiale, la France a annoncé le versement d’une somme importante —150 millions d’euros sur trois ans- à ce Fonds. Les Etats-Unis ont déjà promis 200 millions$.

Mais l’argent n’est pas tout. L’Afrique doit aussi s’aider elle-même. Le message est venu la semaine dernière, en même temps, de deux sources aussi éloignées l’une de l’autre qu’il est possible de l’être: le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, et l’éditorialiste invité de la très rigoureuse revue Science.

Le secrétaire d'Etat a dit, dans le cadre d'une tournée de quatre pays africains (Mali, Afrique du Sud, Kenya, Ouganda) que les Africains ne doivent pas "s'asseoir en attendant que l'argent arrive". Ils doivent aussi prendre des mesures, autant pour faire la paix entre eux -allusion aux guerres civiles- que pour se débarrasser de dirigeants corrompus, deux facteurs qui grugent de précieuses ressources qui pourraient être consacrées -par exemple- à la recherche scientifique et à la sensibilisation des populations face à ce qu'est vraiment le sida. Des paroles qui lui ont aussitôt été reprochées, puisque, lui a souligné le journaliste du réseau PanAfrica, ces 200 millions$ d’aide annoncés apparaissent bien pâles en comparaison des... 2 milliards$ qu’avait évoqué le président Clinton l’an dernier.

Mais l'éditorialiste de la revue Science a frappé plus juste en soulignant que l’Afrique pouvait effectivement faire son bout de chemin, dans le domaine scientifique: dans les années 60 et 70, commence-t-il, les départements de science de plusieurs universités africaines, incluant l'Université de Lagos (Nigéria), celles de Dar-es-Salaam (Tanzanie), d'Accra (Ghana) et de Khartoum (Soudan), étaient parmi les plus avancées des pays en voie de développement. Aujourd'hui, la litanie de problèmes est telle qu'elles ne peuvent même plus remplir leurs responsabilités les plus minimales. Avec des conséquences sur la société tout entière: "plusieurs des problèmes les plus sérieux du continent, incluant la malnutrition, les épidémies et le déclin environnemental, ne peuvent pas être affrontés sans une masse critique de scientifiques africains".

Il ne s'agit pas d'être utopistes, ajoute Mohamed H.A. Hassan, président de l'Académie africaine des sciences et directeur de la Troisième Académie mondiale des sciences à Trieste (Italie): "la science, à elle seule, ne peut pas sauver l'Afrique. Mais l'Afrique sans la science ne peut pas être sauvée."

Et là-dessus, toute l'aide étrangère n'y peut rien si les politiciens locaux se désintéressent de la science ou lui mettent des bâtons dans les roues, comme on l'a vu l'an dernier lorsque le président Thabko Mbeki a publiquement nié l'association entre le virus appelé VIH et le sida -et par conséquent, a nié la nécessité d'investir pour distribuer les médicaments anti-VIH aux malades, notamment aux femmes enceintes. Au cours des années 60 et 70, c'étaient les gouvernements qui décidaient d'importants investissements en science et technologie dans leurs universités et qui insistaient sur l'importance de créer un réseau d'enseignement et de recherche de qualité. "Des années d'instabilité politique et de problèmes socio-économiques chroniques ont transformé des universités de plus en plus négligées en institutions désuètes."

Une des conséquences, on l'a vu, c'est que lorsqu'un petit sidéen sud-africain de 12 ans, Nkosi Johnson, monte sur une tribune pour dénoncer l'intolérance face à cette maladie, il est accueilli comme un héros, parce que la sensibilisation à ce sujet avoisine parfois le zéro absolu. A lui seul, Nkosi Johnson, résumait la BBC au lendemain de son décès, le 31 mai, a fait davantage pour faire progresser la cause du sida en Afrique du Sud et pour abattre les préjugés que tous les médecins locaux et toutes les campagnes étrangères réunies, depuis deux décennies.

Certes, reprend Mohamed Hassan, le niveau de dégradation de la science africaine est tel qu'elle a un besoin criant d'aide financière étrangère. Ne serait-ce que pour obliger les compagnies pharmaceutiques à abaisser les prix de leurs médicaments, qui demeurent à un niveau inatteignable pour la majorité de ces populations (voir à ce sujet David a fait trébucher Goliath).

Mais la science africaine ne part pas de rien: elle abrite des forces méconnues au Nord. Les Laboratoires d'immunologie et de biotechnologie du Cameroun, le Centre africain des applications météorologiques au Niger, et le Centre africain de technologie au Sénégal, pourraient devenir "des centres internationaux d'excellence", et fonctionner encore plus efficacement que maintenant, si on leur donnait un tout petit coup de pouce. "Le développement de marqueurs génétiques pour améliorer les plantations de thé au Kenya, les efforts en cours pour examiner des traitements alternatifs à la cécité des rivières en Ouganda, la recherche sur l'hématie falciforme au Ghana et l'étude de l'utilisation de plantes indigènes pour le traitement du diabète à Madagascar, sont des exemples d'initiatives scientifiques africaines qui méritent une reconnaissance publique plus large."

Autrement élément non-négligeable: les experts estiment que 30 000 détenteurs d'un doctorat, dans les pays du Nord, sont d'origine africaine… un chiffre de loin supérieur au nombre de détenteurs d'un doctorat qui travaillent dans toute l'Afrique!

 

  • Sur la situation désastreuse que vit l'Afrique face au sida, lire aussi:
    La semaine S

 


En manchette la semaine dernière:
Le politicien qui plantait des arbres

A lire également cette semaine:
C'est la danse des abeilles...

Couper les cheveux (de Napoléon) en quatre

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