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semaine du 16 avril 2001



L'espace est dans un cul-de-sac


Youri Gagarine. Les maniaques de l’exploration spatiale l’ont abondamment fêté cette semaine. Quarante ans se sont écoulés depuis le premier vol d’un homme dans l’espace. Eh bien justement. Quarante ans après Gagarine, l’exploration spatiale est-elle dans un cul-de-sac?


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Si on se contente de lire les reportages sur les fêtes ayant entouré, en Russie et dans le reste du monde, le 40e anniversaire de ce premier lancement, la question est complètement oubliée. Mais dès qu’on creuse un peu plus, on sent poindre l’inquiétude. Ou l’embarras.

Par exemple, avons-nous vraiment besoin d’envoyer des hommes dans l’espace ? Des robots, sans nul doute, mais des êtres humains ? Le service spécialisé Space.com parle à ce sujet du "facteur humain", ce facteur jadis moteur, aujourd’hui frein: le vol de Vostok I —cette capsule sphérique qui envoya là-haut Gagarine, le 12 avril 1961, pendant à peine une heure et demi- marqua indubitablement un moment historique. Tout comme les premiers pas sur la Lune, en 1969. Mais en notre début du XXIe siècle, la possibilité, à court et moyen terme, de voir des humains voyager au-delà des 400 km d’altitude de la station spatiale internationale appartient davantage à la fiction qu’à la réalité.

Et même la station spatiale ne génère pas un enthousiasme monstre. Pour l’instant, on en parle davantage comme d’un édifice à assembler et à gérer, que comme un instrument de découverte.

Que s’est-il passé ? Certes, il y a le cas de la science spatiale russe, ou de ce qui en reste. Et il y a la Nasa, qui est "de toute évidence inquiète de son avenir", et en conséquence "les idées visionnaires sont reléguées en orbite stationnaire". Ce en quoi il est difficile de jeter le blâme: la facture totale du méga-projet qu'est la station spatiale internationale, dépasse maintenant les 100 milliards, soit... douze à treize fois plus que ce qui avait été imaginé il y a une décennie. Le projet lui-même a une bonne décennie de retard par rapport aux plans mis sur papier il y a 20 ans.

"Très clairement, résume pour Space.com le directeur des vols spatiaux de la Nasa, Joseph Rothenberg, l’un des plus grands défis du vol habité est de gérer des programmes sans trop dépasser les coûts prévus." Les dépassements de coûts, incidemment, c’est ce qui a conduit l’agence spatiale américaine à se faire très souvent taper sur les doigts, autant avec la station qu’avec, bien avant elle, la navette spatiale: qu’on se rappelle que, lors de sa conception, dans les années 70, la navette devait, disait-on, réduire de 90% les coûts de lancement... et effectuer un vol par semaine! "Nous devons sortir du banc des punitions et restaurer notre crédibilité au cours des prochaines années, avant de pouvoir faire le pas suivant."

Et cette vision-là, en serez-vous étonné, c’est la vision optimiste! La vision pessimiste, résume le journaliste Claude Lafleur dans ses Dossiers espace, c’est plutôt que la station spatiale, avec tous ses déboires, pourrait entraîner la fin des vols habités tels que nous les avons connus!

Ce qui est certain, c’est que le dernier projet d’envergure remonte à 12 ans, et que plus personne ne l’évoque: l’"Human Exploration Initiative", annoncé en 1989 par le président Bush (père). Il s’agissait de réaliser l’un des vieux rêves de l’humanité: fouler le sol de Mars. Ce projet devait en effet mener des hommes sur la planète rouge en 2019, soit 50 ans après les premiers pas d’Armstrong sur la Lune. À cette fin, le président américain préconisait un vaste programme de développements technologiques et d’exploration devant s’étendre sur trois décennies.

Depuis, ni Bush père ni Clinton n’ont osé se risquer à s’embarquer dans un nouveau projet spatial. Les Russes quant à eux, utilisent toujours le même modèle de lanceur que la fusée qui a propulsé Gagarine en orbite il y a 40 ans!

Or, une partie du problème est justement là : on semble avoir atteint les limites de ce qui est humainement possible avec la technologie actuelle. Ce ne sont pas des fusées comme les Apollo du programme lunaire, qui vont permettre d’envoyer des humains sur Mars. Ce ne sont pas non plus des engins munis de moteurs à propulsion chimique —la technologie employée aussi bien avec la navette qu’avec les fusées des années 50. Alors quoi? La Nasa semble régulièrement embarrassée quand on pose la question "à quand un homme sur Mars", ce qui revient à dire qu’elle n’en a aucune idée.

Pour Rothenberg, il faudra envisager des lancements depuis l’orbite, ce qui implique quelque chose de déjà plus avancé que la station spatiale actuelle pour accueillir les "voyageurs en transit". Peut-être, par exemple, cela pourrait-il prendre la forme d’une gigantesque station spatiale, mais "gonflable" -ça coûte moins cher à construire- et gonflée à plus d’un million de kilomètres de la Terre —ce qui en fait un bon lieu d’amarrage pour un télescope spatial géant, et un point de départ plus pratique vers Mars, vers les astéroïdes, voire plus loin encore. Ces vaisseaux interplanétaires devraient idéalement être équipés de moteurs ioniques, comme la sonde automatique Deep Space One en expérimente un actuellement, mais il faudra encore des années avant de savoir si cette technologie est viable. Tout comme il faudra encore des années avant de savoir si on n’a pas sous-estimé la question psychologique, lorsqu’il s’agit d’enfermer un petit groupe de gens dans une boîte de conserve, pendant des mois d’affilée...

Ce qui est sûr, c’est qu’il faut s’enlever de la tête l’idée d’une mission précipitée vers Mars, comme les missions sur la Lune l’ont été. Tout projet spatial, rappelle Lafleur, est désormais supervisé par une armée de fonctionnaires extrêmement soucieux que "tout se passe parfaitement bien". "C’est un fait: nous n’acceptons plus de courir des risques comme auparavant."

Ce qui, on en conviendra, sauf pour la déception causée chez quelque aficionados du voyage spatial, n’est tout de même pas une si mauvaise chose...

 


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