Semaine du 18 septembre 2000

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A quoi bon chercher de la vie sur Mars?


L
a Nasa perd-elle son temps et gaspille-t-elle l'argent des contribuables en persistant à chercher de la vie sur Mars? C'est une très sérieuse possibilité, à la lumière des échecs répétés des 25 dernières années...

A quoi sert l'exploration spatiale?
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Le problème avec la science, c'est qu'elle ne donne pas toujours les réponses qui font plaisir. Tout le monde veut croire en la possibilité de vie sur Mars. Et la Nasa mise beaucoup sur cet espoir, par exemple en investissant de grosses sommes d'argent dans la recherche de vie dans les météorites, en créant un programme d'études en "astrobiologie", ou en réaménageant ses missions passées (Pathfinder) actuelles (Mars Global Surveyor, en orbite depuis trois ans) ou futures (les deux véhicules annoncés il y a quelques semaines). Le problème, c'est que de nombreuses tentatives ont d'ores et déjà eu lieu, et qu'elles ont chaque fois fait chou blanc.

Inutile de revenir sur le cas de la météorite martienne, qui avait soulevé tant d'émotions à l'été 1996 avec ses possibles fossiles de bactéries martiennes. Depuis, cette théorie a été jetée aux poubelles de l'histoire. Mais on pourrait rappeler les sondes Viking, les pionnières qui, en 1976, ont mené des expériences chimiques à partir de la poussière martienne (la chauffer le sol, lui injecter de la nourriture, de l'eau, pour voir si, dans cette soupe, quelques bactéries endormies pourraient se "réveiller") et ont abouti à des résultats négatifs.

Le service d'information de la revue Nature vient de publier deux articles là-dessus. "Ca commence à donner l'impression qu'il pourrait ne pas y avoir d'aiguille dans la botte de foins." Les plus sceptiques protestent carrément devant l'importance qu'accorde la Nasa à ce volet de la recherche scientifique, au détriment du reste du programme martien (comment cette planète a-t-elle évolué, où est passée l'eau, son histoire géologique peut-elle nous apprendre quelque chose sur la nôtre, etc.).

Ils ont raison de protester, admet Philip Ball, le journaliste qui rédige ces deux articles. Mais il faut en même temps reconnaître que "les missions de la Nasa n'ont jamais été purement scientifiques". Elles sont aussi là pour vendre du rêve. Et le rêve, ça coûte cher. La planète Vénus étant d'emblée écartée avec ses lacs d'acide et sa température de 400 degrés Celsius, Mars est le seul choix qui nous reste, à la portée de nos mains. S'il y a de la vie là-bas, des humains pourront eux aussi y vivre un jour: c'est ça, le rêve.

La volonté de présenter Mars comme un habitat intéressant était prépondérante en juin, lorsque la Nasa a organisé un grand spectacle pour accompagner la présentation d'une étude, parue dans Science, sur des traces présumées d'eau qui aurait coulé récemment à la surface ("récent" voulant dire ici moins d'un million d'années). L'un des chercheurs, Michael Malin, en était sûrement conscient, lorsque, une fois ses résultats expliqués aux journalistes, il a souligné à grands traits qu'un "des aspects les plus intéressants et significatifs de cette découverte, c'est ce que ça pourrait vouloir dire si des explorateurs humains allaient sur Mars": ils y trouveraient de l'eau à boire et de l'hydrogène en quantité suffisante pour alimenter leurs génératrices.

Pourtant, ce n'est pas tout le monde qui croit que ces traînées aient été faites par de l'eau. Une hypothèse tout aussi solide veut qu'il s'agisse d'écoulements de dioxyde de carbone, d'ordinaire présent sous forme gelée, dans les calottes polaires.

Il faut ajouter à cela le fait que même si des bactéries subsistent aujourd'hui sur Mars, ou ont survécu jusqu'à une date récente, c'est loin sous la surface qu'il faudra les chercher: chose que ne pourront faire aucune des sondes spatiales prévues pour les prochaines années, mais que s'est bien gardée de mentionner la Nasa.

Dans le cadre d'une nouvelle étude publiée la semaine dernière dans Science, des chercheurs ont reproduit en éprouvette les conditions prévalant sur Mars, et croient pouvoir ainsi expliquer pourquoi il est impossible de trouver de la vie à la surface. Le composé de base de leur mélange, qui explique la couleur rouille du sol, est du superoxyde, ce que les experts appellent un "radical libre", comme ceux qui sont impliqués dans les dommages aux cellules humaines que causent les cigarettes, les radiations ou le cancer. Par conséquent, "vous ne vous attendez pas à ce que la vie existe sur la surface de Mars, parce que la production de ces radicaux d'oxygène détruirait les molécules organiques", résume le géochimiste planétaire Albert Yen, du Jet Propulsion Laboratory, rattaché à (eh oui) la Nasa. "Si la vie existe sur Mars, il faut que ce soit dans un endroit où ces composés chimiques n'existent pas." Par exemple, loin sous la surface.

Il y a jadis eu de l'eau sur Mars, ça, c'est un fait presque acquis. Mais si cette eau n'a existé que pendant un bref laps de temps, il y a trois ou quatre milliards d'années, il faut mettre à jamais une croix sur la possibilité de trouver de la vie chez notre voisine...

 

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