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semaine du 21 mai 2001



Les bébés-OGM: anomalies


Les bébés nés avec le code génétique d’un papa et de deux mamans, dont nous vous parlions il y a deux semaines, sont peut-être en bonne santé, mais les chercheurs avaient oublié de dire que deux d’entre eux étaient atteints d’une maladie génétique rare...


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Non, il n’y a pas eu manipulations génétiques à proprement parler, se sont défendus les chercheurs (lire notre texte du 7 mai), et ils avaient, en un sens, raison: ils ont " simplement " injecté à un ovule malade un peu de cytoplasme provenant des cellules d’une autre mère (le cytoplasme est cette "gelée" dans laquelle baigne le noyau de la cellule). Et, non, ce n’est pas nouveau: cette technique est expérimentée depuis près de trois ans, et une trentaine de bébés en sont nés jusqu’ici, en Europe et, surtout, aux Etats-Unis -contrairement à ce qu’ont laissé croire des reportages, qui donnaient l’impression que le tout venait tout juste d’être dévoilé.

Sauf que dans le cytoplasme résident aussi quelques gènes: les gènes des mitochondries, un des composants de nos cellules. Ces gènes sont en très petit nombre (par rapport à notre "vrai" bagage génétique qui, lui, est contenu dans nos chromosomes, lesquels sont cachés dans le noyau de la cellule), mais plusieurs croient qu’ils jouent un rôle dans le développement de certaines maladies, dont l’Alzheimer et le Parkinson. De plus, les gènes mitochondriaux ne se transmettent que de mère en fille; c’est ainsi que la moitié "fille" de ces bébés s’est retrouvée avec les gènes de trois personnes: papa, maman, et la femme qui a donné un peu de son cytoplasme.

D’où, ajout de gènes à un futur être humain. D’où, gènes qui pourront à leur tour se transmettre aux descendants de ce bébé. D’où, indignation, colère, protestations, dans les milieux scientifiques et autres.

Mais un autre élément vient de s’ajouter au dossier. Le Washington Post révélait vendredi que, sur les 17 foetus dont il a retrouvé la trace —vraisemblablement les 17 foetus féminins, sur la trentaine de bébés conçus avec cette technique- deux étaient atteints du syndrome de Turner, soit une proportion au moins sept fois supérieure à la normale. Le premier a été avorté par les chercheurs, et le second est décédé avant terme.

Dans un article paru dans l’édition de mai de la revue spécialisée Human Reproduction —c’est cet article qui avait attiré l’attention des médias il y a deux semaines- le directeur scientifique de l’Institut de médecine de la reproduction à la clinique Saint-Barnabé de Livingston (New Jersey), le Dr Jacques Cohen, avait expliqué qu’une trentaine de bébés étaient nés avec cette nouvelle méthode mise au point dans ses laboratoires "pour lutter contre la stérilité féminine" (sachant que plusieurs femmes ne peuvent avoir d’enfants en raison d’un cytoplasme en mauvaise santé). Mais il ne disait pas un seul mot des deux foetus malades.

Le Washington Post, pour appuyer son enquête, cite des documents internes de la clinique elle-même. On y lit noir sur blanc que la nouvelle technique pourrait être la cause de ces problèmes, peut-être parce qu’elle a donné un coup de pouce à la croissance d’embryons qui, normalement, n’auraient pas survécu plus de quelques jours après leur conception.

Le syndrome de Turner est une maladie héréditaire qui ne touche que les filles, freine leur croissance et les rend stériles.

Le Dr Cohen a décliné les demandes d’entrevue du Post. Le bureau des relations publiques de l’hôpital Saint-Barnabé a déclaré qu’il était trop tôt pour affirmer si le syndrome de Turner devait être lié à cette technique, et encore moins pour évaluer le degré de risque. Les femmes soumises à cette méthode expérimentale étaient au courant qu’il s’agissait d’une méthode expérimentale et qu’il y avait par conséquent des risques.

D’autres experts interrogés par le quotidien reconnaissent qu’en effet, deux cas, c’est beaucoup trop peu pour conclure quoi que ce soit de définitif, mais qu’au minimum, les chercheurs auraient dû en parler dans leur article.

Le jour même où cette nouvelle sortait, deux chercheurs américains publiaient dans la revue Science un appel à réglementer toute technique de reproduction susceptible de causer des modifications génétiques. Particulièrement si ces modifications génétiques peuvent être transmises aux générations suivantes... Selon Mark Frankel et Audrey Chapman, de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, un organisme déjà existant, tel que les National Institues of Health (NIH) pourrait être chargé de ce type de supervision.

Par exemple, ne serait-ce que pour s’assurer que ce ne seront pas que les plus riches qui auront accès à ce type de traitement, s’il s’avère efficace...

Une frontière inquiétante a été franchie, ont proclamé plusieurs experts en éthique depuis deux semaines, frontière qui n’aurait pas dû l’être, du moins tant que les retombées n’auront pas été bien mesurées. La volonté, certes tout à fait louable, de donner un maximum de chances aux femmes stériles, ne doit pas faire perdre de vue, lit-on dans le texte publié par Science, qu’il y a peut-être des limites à ne pas dépasser: après l’ajout de ces gènes mitochondriaux, jouera-t-on avec les autres gènes pour éliminer telle et telle maladie? Et une fois que cet autre pas aura été franchi, "on pourrait aussi bien utiliser cette technologie pour altérer la personnalité et l’intelligence", qui sait ?

"Savons-nous faire cela avec sagesse ?"


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