L'événement de la semaine.


Pour tout trouver
sur Internet!


Tous les médias
en un clin d'oeil!


Nos nouvelles brèves
  
  


Notre chronique de
vulgarisation scientifique!


Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






semaine du 30 avril 2001



Une croyance au panier


Voici un cas intéressant de croyance versus science. Si vous avez dévoré l'an dernier le best-seller La Rivière, un essai sur les origines du sida, il y a de bonnes chances pour que soyez convaincu que le sida est né malencontreusement d’un vaccin contre la polio expérimenté en Afrique. Mais quatre solides études scientifiques viennent de démontrer le contraire. Cela suffira-t-il à ébranler les croyants ?


Que pensez-vous de cette nouvelle?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito


Les quatre équipes, indépendantes les unes des autres, arrivent à une conclusion claire et sans appel : le vaccin contre la polio n’est pas lié au sida. En fait, aucun des échantillons de ce vaccin ne contient la moindre trace ni de VIH ni de VIS —le virus cousin du VIH, propre aux singes- ni même d’ADN de chimpanzé —un élément pourtant central à la théorie du coloré journaliste britannique Edward Hooper.

Edward Hooper, c’est celui qui, en 1999, avec son ouvrage La Rivière (The River) déclencha une controverse dans les milieux médicaux et universitaires, controverse qui s’est étendue jusqu’au grand public, puisqu’elle a transformé son enquête journalistique en best-seller. La théorie qu’il y défendait —et qu’il défend toujours- est la suivante: un vaccin contre la poliomyélite expérimenté en Afrique dans les années 50 aurait contenu des cellules de chimpanzés infectées, à l’insu des chercheurs, par le virus VIS. Un million de personnes ainsi vaccinées au Congo entre 1957 et 1959 auraient reçu ce virus —une masse critique largement suffisante pour qu’en émerge, des années plus tard, le sida.

En septembre dernier, dans le cadre d’une rencontre spéciale de la Société royale de Londres, des résultats préliminaires des recherches dont il est question ici avaient déjà fortement ébranlé la théorie Hooper. L’auteur avait alors rejeté ces résultats, les qualifiant de sans fondements.

Pourtant, à les voir à présent imprimés noir sur blanc, ils semblent plus que solides. Et la théorie Hooper n’est plus seulement ébranlée, elle est piétinée. Par exemple, une équipe de l’Unité de rétrovirologie moléculaire de l’Institut Pasteur, à Paris, aidée de collègues de Californie et de New York, a analysé cinq échantillons congelés du vaccin suspect et a tenté d’y déceler des traces de VIH ou simplement d’ADN de chimpanzé. Chou blanc, décode-t-on de leur étude publiée dans Nature. L’un de ces échantillons fait pourtant partie du groupe qui a servi à vacciner des milliers de personnes, incluant des enfants, à Léopoldville (aujourd’hui, Kinshasa), au Congo, en 1959 et 1960.

Et ce n’est pas tout. L’une des études, publiée dans Science, par des chercheurs britanniques de l’Université Oxford et français de l'Institut de recherche pour le développement de Montpellier, arrive même à la conclusion que, compte tenu de "l’arbre généalogique génétique" du VIH —en d’autres termes, les multiples variations qu’on lui connaît aujourd’hui, ses "familles" en quelque sorte- il ne peut pas être né d’un vaccin: une origine aussi restreinte signifierait aujourd’hui une diversité beaucoup moins grande du vaccin. En revanche, une origine beaucou plus ancienne du virus devient alors beaucoup plus probable. Et justement, au cours de la dernière année, deux études ont coup sur coup pointé les années 30 comme période probable d’apparition de ce micro-organisme chez les humains.

Mais même sans cela, l’étude des échantillons de vaccin est déjà dévastatrice pour Hooper. Un deuxième groupe, de l’Institut britannique des études et du contrôle des normes biologiques (NISBC), qui publie également dans Nature, s’est penché plus particulièrement sur un échantillon fourni par l’Institut Wistar de Philadelphie. A l’époque de la sortie de The River, cet Institut n’avait pas encore pu fournir un tel échantillon, et il faisait partie des coupables pointés du doigt par Edward Hooper. Là non plus, ni VIH ni VIS, et uniquement des cellules de macaques —et non de chimpanzés- comme le soutenait Wistar. Or, les macaques ne sont pas porteurs du VIS. Seuls les chimpanzés le sont.

Un troisième groupe, de l’Institut Max Planck d’anthropologie de l’évolution, en Allemagne, arrive exactement à la même conclusion. Cellules de macaques, pas de chimpanzés.

"Nos découvertes, résume dans Nature, pour son groupe, Philippe Blancou, de l’Institut Pasteur, ne permettent pas d’appuyer l’hypothèse suivant laquelle le VIH aurait été introduit par la vaccination orale contre le virus de la polio."

L’ironie derrière tout cela, analyse dans Nature Robin Weiss, du département d’immunologie du Collège universitaire de Londres, c’est que ces nouvelles études "n’auraient sûrement pas été entreprises si Hooper n’avait pas exigé une analyse de l’ADN des échantillons". De sorte que nous lui sommes "redevables pour avoir pousser cette cause". Humour britannique ou grand sens de la diplomatie ?

Certes, les partisans de la thèse Hooper auront beau jeu de prétendre que cela ne prouve pas qu’Edward Hooper a eu tort. "C’est le vieux problème de démontrer la négative", souligne pour Nature Neil Berry, du NISBC, rappelant le fait, bien connu des philosophes d’il y a 2500 ans, qu’il est impossible de prouver que quelque chose n’existe pas...


En manchette la semaine dernière:
David a fait trébucher Goliath

A lire également cette semaine:
Le tourisme spatial représente-t-il l'avenir?

L'esprit est le propre de l'homme

L'avion supersonique n'a pas d'avenir

Le son du Big Bang

Un appel à 11 milliards de kilomètres...

Et plus encore...


Archives des manchettes




 
Accueil | Hebdo-Science | Le Cyber-Express | Bibliothécaire Québécois | plan du site