Une industrie pharmaceutique à but non
lucratif?
(ASP) - Devant la hausse du prix des médicaments,
et le fait que les pays pauvres n'y ont souvent pas
accès, l'organisme Médecins sans frontières
propose la mise sur pied d'un effort international qui
contournerait l'industrie pharmaceutique.
Un effort international en vue de produire
des médicaments destinés aux maux oubliés:
ceux qui frappent les pays en voie de développement.
"L'initiative ne serait rien de moins que la création
d'une industrie pharmaceutique à but non-lucratif",
résume Philippe Kourilsky, directeur général
de l'Institut Pasteur, à Paris.
Baptisé Médicaments pour
les maladies oubliées (The Drugs for Neglected
Diseases Initiative), ce projet a été
officiellement lancé à New York, dans
le cadre d'un congrès qui réunissait à
la mi-mars quelque 400 spécialistes de l'OMS,
des représentants du gouvernement américain
et de l'Union européenne, ainsi que de plusieurs
pays du Sud. Parmi les participants, Jean-Pierre Garnier,
directeur général de la multinationale
pharmaceutique GlaxoSmithKline, comme quoi l'initiative
ne se fait pas entièrement dans le dos de ces
compagnies -puisqu'on se doute bien qu'elles seront
très méfiantes à son égard.
Médecins sans Frontières,
gagnant du Prix Nobel de la paix 1999, a mis de l'avant
un million de dollars pour cinq projets-pilotes, destinés
à développer et produire des médicaments
pour la maladie du sommeil. Ce qui devrait donner une
meilleure idée des coûts et de la durée
du projet d'ensemble. Les fonds devront venir de donateurs
privés et des gouvernements. L'espoir derrière
ce lancement, c'ets que le temps soit mûr pour
une telle initiative. Il y a cinq ans, elle serait tombée
dans des oreilles de sourds; aujourd'hui, le tollé
contre l'attitude des compagnies pharmaceutiques face
aux Africains trop pauvres pour se payer les médicaments
anti-sida, a eu pour effet de réveiller plusieurs
décideurs.