L'homme-robot
(ASP) - Sommes-nous plus près du
jour où hommes et femmes se promèneront
avec toute une série dorganes de rechange
dans leur corps ? Coeur mécanique, organes
de porcs, morceaux de peaux cultivés en éprouvette,
reconstruction de la moelle
épinière, poumons ou reins produits
en laboratoire à partir de vos propres cellules-souches,
et pourquoi pas implants électroniques pour vous
relier à un ordinateur: le domaine est si vaste
quon nen voit pas les extrémités,
signale la revue Science en ouvrant un dossier
spécial de 38 pages sur "lhumain artificiel".
Cest que le manque chronique de
donneurs dorganes continue de fournir un incitatif
à toute une légion de chercheurs et dentreprises
de biotechnologie, pour développer des solutions
de remplacement. Un vieux rêve, alimenté
par la science-fiction depuis des décennies,
et à propos duquel des succès récents,
comme ces coeurs artificiels,
lan dernier, ont pu donner limpression quon
était au bord dune percée.
Rien de plus faux, toutefois. Même
ces coeurs artificiels, pourtant le "top niveau"
des organes artificiels à lheure actuelle,
nont pas encore fait leurs preuves: deux des implantés
sont décédés, et les autres semblent
condamnés à passer le reste de leurs jours
à lhôpital non pas parce que
le coeur est défectueux, mais simplement parce
que son autonomie est encore trop limitée. Les
" yeux bioniques ", eux aussi, peinent
à réaliser leurs promesses.
Mais même si ces coeurs artificiels
devenaient davantage autonome, le but ultime nest-il
pas davoir un humain dont TOUS les organes vieillissants
pourraient Êêtre entièrement contrôlés
par ordinateur ? Limmortalité, en
quelque sorte ? Cest le rêve que carresse
le Britannique Kevin Warwick, professeur de robotique
à lUniversité de Reading, et il
compte franchir une première étape dici
la fin du mois, en implantant dans son bras une puce
électronique et en connectant celle-ci
aux nerfs de son bras. Lobjectif, on laura
compris : essayer de contrôler quelques-unes
des impulsions électriques qui partent de notre
bras vers notre cerveau.
La puce relaiera ces signaux du
moins, ceux quelle pourra accrocher au passage-
vers un ordinateur à lextérieur
de Kevin Warwick, lui- qui les décortiquera au
fur et à mesure. Jusquà, espère-t-on,
être capable den reproduire quelques-uns:
Warwick se dit convaincu quà terme, cette
puce électronique lui permettra de commander
par ordinateur non seulement les mouvements de son bras,
son sens du toucher, et même certaines de ses
humeurs. Plusieurs scientifiques doutent quil
puisse en arriver là, mais le projet, qui a commencé
à faire parler de lui il y a trois ans, fait
beaucoup jaser...