Au revoir, E.T.
BOSTON (ASP) - Chercheurs de vie extra-terrestre
et aficionados des soucoupes volantes, prenez note:
les chances de trouver de la vie dans notre propre système
solaire sont considérablement réduites.
Ce qui risque de faire reculer de quelques générations
le moment d'une première preuve de l'existence
d'une vie ailleurs
Pour le biologiste Norman Pace en effet,
les chances de trouver de la vie, aussi primitive soit-elle,
dans des fosses thermales de Mars ou d'Europe, cette
mystérieuse lune de Jupiter dont la couche supérieure
de glace pourrait cacher un océan, ne sont pas
très élevées. "Notre système
solaire, en-dehors de la Terre, ne semble pas très
prometteur pour abriter la vie." Et par conséquent,
si c'est à l'extérieur de notre système
solaire qu'il faut chercher, on en a pour longtemps
à attendre: la plus proche étoile, après
notre Soleil, est à 4 années-lumière
de distance ce qui, avec les technologies actuelles,
nécessiterait un voyage de quelques milliers
d'années. Même en s'appuyant sur des méthodes
de propulsion qui commencent à émerger
-moteur ionique, par exemple- et qui permettraient de
se rendre là-bas en quelques décennies
seulement, la construction d'une sonde spatiale automatique
capable de continuer à communiquer avec nous
à pareille distance ne se fera pas avant que
l'on ne soit très avancé dans le XXIe
siècle.
Mais comment un biologiste, de surcroît
spécialisé dans les formes de vie extrêmes
-celles qui survivent dans les environnements les plus
invraisemblables- peut-il être aussi catégorique?
Au cours d'un symposium sur "La recherche de formes
de vie au-delà de notre système solaire",
tenu dans le cadre du congrès
de l'AAAS, ce professeur de l'Université
du Colorado à Boulder a résumé
ainsi sa position: "la vie qui réussi à
survivre, quel que soit l'environnement, finit par fleurir
-et modifier sa planète", d'une manière
visible à une grande distance. De la même
façon qu'un Martien qui observerait la Terre
avec des télescopes équivalents aux nôtres
ne pourrait faire autrement que de détecter l'abondance
d'oxygène (il n'y en aurait pas autant, s'il
n'y avait pas de vie sur Terre), d'ozone et de chlorophylle
Quittons donc notre système solaire.
En attendant d'y aller nous-mêmes, on peut, il
est vrai, essayer d'observer les planètes qui
tournent autour de ces milliards d'étoiles autres
que notre Soleil. Depuis six ans, des astronomes à
travers le monde en ont détecté plus d'une
soixantaine. Mais là aussi, il y a des obstacles
technologiques qui mettront bien du temps avant d'être
surmontés: la technologie actuelle ne permet
que de détecter, même pas de voir. Et encore
faut-il qu'il s'agisse de planètes au moins aussi
grosses que Jupiter -330 fois la taille de la Terre.
Des projets d'observatoires spatiaux n'existant
pour l'instant que sur papier, à la Nasa et à
l'Agence spatiale européenne permettraient en
théorie, vers l'an 2020, d'observer des planètes
aussi petites que la Terre. Encore qu'observer soit
un grand mot: ce qu'on aura, ce sera un point de lumière,
tout au plus, a expliqué Wesley Traub, du Centre
Harvard-Smithsonian d'astrophysique. Mais ce point,
une fois qu'on en aura décomposé le spectre
lumineux, pourra nous apprendre si cette planète
contient, justement, de l'oxygène
et de
la chlorophylle.
En autant, et c'est le dernier obstacle,
que cette planète tourne autour d'une étoile
qui soit à moins de 100 années-lumière
de nous. Ce qui est énorme, à notre échelle,
mais ne couvre tout de même que 1% de notre galaxie