Ce clone est-il breveté?
(ASP) - Une université américaine
vient dobtenir un brevet qui pourrait, tel quil
est formulé, lui donner des droits sur le clonage
humain.
Le brevet en question concerne une méthode
permettant de transformer en embryon un ovule, sans
avoir à le fertiliser par un spermatozoïde:
jusque-là, rien que du très classique;
une méthode parmi plusieurs du genre, quexpérimentent
divers laboratoires à travers le monde.
Là où ça se complique,
cest que dans la description de cette méthode,
à l'endroit où les scientifiques de lUniversité
du Missouri expliquent que cette technique permettrait
en théorie de produire des clones de mammifères,
ils nexcluent pas spécifiquement le clonage
humain. Et ce nest pas un simple oubli, puisque
la demande de brevet mentionne bel et bien la possibilité
dutiliser des ovules humains.
Le brevet a été obtenu en
avril 2001, mais ce nest que récemment
quun groupe dopposants au clonage humain
a pris conscience de son existence.
Un sénateur américain qui
a mené la charge ces derniers mois contre le
clonage humain, Sam Brownback, républicain du
Kansas, a annoncé son intention de déposer
un projet de loi interdisant le dépôt de
tout brevet concernant des embryons humains, projet
de loi qui serait distinct de celui que ce même
sénateur pilote actuellement, et qui vise, lui,
à interdire toute forme de clonage humain le
clonage dune personne, aussi bien que le clonage
de simples cellules à des fins médicales.
Mais que
ce débat sur le clonage sétende
jusquaux brevets ne devrait pas étonner,
signale le New York Times. Le Bureau américain
des brevets est depuis longtemps confronté à
des scientifiques qui cherchent à breveter tout
ce qui bouge dans leurs éprouvettes et
plus souvent encore, tout ce qui na pas encore
bougé, mais le pourrait un jour... Y compris
des groupes de cellules qui pourraient avoir des applications
médicales, qui ne pourront jamais se développer
pour former une personne, mais qui ont tout de même
bien besoin dêtre clonés, si on veut
quils servent à quelque chose.
Sajoute à cela le fait que
les Etats-Unis, en dépit de leur opposition farouche
à toute forme de clonage, ont tout de même
été le pays le plus libéral en
matière de brevets sur des êtres vivants...
depuis pas moins de 20 ans! En 1980, une décision
de la Cour suprême autorisait le premier brevet
sur un microbe qui avait été génétiquement
modifié dans lespoir quil dévore
des nappes de pétrole. Il existe aujourdhui
des brevets sur des animaux plus complexes, comme cette
souris génétiquement modifiée que
lon dit plus apte à combattre le cancer.
Et des brevets sur des gènes humains que lon
dit aptes à combattre ceci ou cela. Et un brevet,
à lUniversité du Wisconsin, sur
une famille particulière de cellules-souches,
donc des cellules prélevées sur un embryon
humain. Le brevet de lUniversité du Missouri
nétait donc quune étape de
plus, apparemment inévitable.
Et quelle sera létape suivante...?