Le dernier refuge des Incas
(ASP) - Des archéologues ont découvert
au sommet dune montagne des Andes ce qui pourrait
avoir été le dernier refuge des Incas,
avant leur écrasement par les envahisseurs espagnols.
A près de 4000 mètres daltitude,
ils ont découvert des routes, des cimetières,
une "impressionnante plate-forme funéraire",
et
les restes dune centaine de bâtiments
dont des résidences circulaires, des entrepôts
et une pyramide.
Les légendes sur les "cités
perdues" des Incas abondent depuis longtemps. Mais
cest tout de même la première fois
en 38 ans quon découvre une ville inconnue
et la plus impressionnante de ces découvertes
reste celle de Machu Picchu, en 1911.
La découverte a été
annoncée par la National Geographic Society,
qui a financé cette expédition au sommet
du mont Victoria, dans
le cadre dune conférence de presse tenue
à Lima la semaine dernière. Léquipe,
composée darchéologues péruviens
et britanniques, était dirigée par le
photographe britannique Peter Frost, qui vit à
Cuzco, au Pérou, et a consacré une bonne
partie des 30 dernières années à
se spécialiser en archéologie inca.
Létablissement, appelé
Corihuayrachina, situé à environ 36 kilomètres
au Sud-Ouest de la citadelle de Machu Picchu, est cerné
par des pics montagneux encore plus élevés,
qui constituaient dimportants symboles dans la
religion des Incas. Deux explorateurs, dont Peter Frost,
lont pour la première fois repéré
lors dune expédition en 1999. Mais il a
fallu attendre juin 2001 avant quune véritable
équipe darchéologues ne puisse sy
rendre: à pied, il leur a fallu compter quatre
jours dascension.
Le lieu n'était pourtant pas inhabité
depuis quatre siècles: "deux familles dIndiens",
selon le rapport de la Société, vivent
parmi les ruines; une ancienne mine dargent a
même continué dêtre exploité
par des habitants de la région jusquaux
années 60. Mais ni la ville ni la mine napparaissaient
sur aucune carte, ancienne ou moderne, ni sur aucun
rapport archéologique.
Les historiens savent déjà
quaprès la chute de lempire inca
en 1533 aux mains de lEspagnol Francisco Pizarro,
et après une ultime rébellion des Incas
en 1536, les survivants de larmée, évalués
à 50 000 soldats, se sont repliés dans
des régions reculées du pays, doù
ils ont continué de défier les envahisseurs
pendant 36 ans. Cette ville dans les nuages, construite
dans les parages dune ancienne mine dargent,
et que les Incas eux-mêmes ont peut-être
conquis à un peuple plus ancien, pourrait avoir
été lun de leurs refuges pendant
toute une génération, voire plus longtemps
encore. "Ce site pourrait contenir des traces de
la civilisation inca depuis ses tout débuts jusquà
sa toute fin, intouchées par les Européens",
spécule Peter Frost. Des poteries appartenant
à deux périodes distinctes (le XIIIe siècle
et le XVe, cette dernière date, juste avant la
conquête espagnole étant celle de la plus
grande expansion de lempire) ont été
retrouvées sur le site.
Il reste encore beaucoup à découvrir
sur ce site daccès difficile, et lannonce
officielle devrait attirer dautres investisseurs,
espère la National Geographic Society. Sans parler
des curieux...