Johannesburg: tout ça pour ça
(Agence Science-Presse) - Cent chefs dÉtat,
des milliers de délégués, presque
autant de journalistes... Le Sommet de Johannesburg
sur le développement durable est le plus récent
effort posé par la communauté internationale
pour sauver la planète, ou ce quil en reste.
Mais il révèle surtout à quel point
le sauvetage de la planète passe très
loin derrière les autres priorités des
gouvernements... et des citoyens.
A lorigine, il y avait Rio. Rio
de Janeiro, au Brésil. Le Sommet de Rio, en 1992,
reste emblématique. Jamais les gouvernements
de la planète nont-ils été
à ce point unis pour dénoncer les dégâts
causés à la nature. Jamais lintérêt
pour lécologie na-t-il été
à ce point élevé, un quart de siècle
après quon eut commencé, très
timidement, à en parler en-dehors des cercles
universitaires.
Et puis, tout était retombé.
Lécologie avait été reléguée
dans les pages intérieures des journaux, et les
ministres de lEnvironnement des différents
gouvernements avaient cessé davoir loreille
de leurs chefs. Aucun des engagements de Rio ne fut
tenu. Dont le plus important de tous: réduire
les émissions de gaz à effet de serre
en-dessous de leurs niveaux de 1990. Les mêmes
gouvernements, réunis à Kyoto cinq ans
plus tard, sétaient entendus pour que cette
réduction soit de 5%, mais le coeur ny
était plus. Aujourdhui, le traité
de Kyoto nest toujours pas officiellement ratifié,
parce quil nest pas parvenu à recueillir
le nombre de signatures nécessaires les
États-Unis, le plus gros pollueur, faisant obstruction.
Aujourdhui, bien malin qui pourrait
prédire ce qui ressortira de Johannesburg. Maints
politiciens se fendront de belles paroles sur limportance
de sauver notre planète, mais les engagements
concrets risquent dêtre rares. Même
les écologistes et autres militants verts regardent
ce Sommet avec désabusement (voir notre
manchette) : ils
sont nombreux à avoir décidé que
le coût du voyage en Afrique du Sud nen
valait pas la peine.