Et si vous aimez les statistiques,
en voici une autre: pendant cette même
année 2001, 25 000 personnes sont
mortes du sida dans les pays riches
contre 2,2 millions en Afrique.
Et comme si l'Afrique n'en
avait déjà pas suffisamment
souffert, voilà qu'une autre épée
de Damoclès lui pend au-dessus de
la tête: la croissance du sida en
Inde et en Chine, pourrait obliger les pays
donateurs à... privilégier
l'Inde et la Chine aux dépens de
l'Afrique. Le dernier numéro de la
revue Foreign Affairs posait en effet
la question en termes bêtement économiques:
il existe un Fonds international de 10 milliards,
promis par les pays riches, pour lutter
contre le sida. Les futurologues prédisent
que d'ici 20 ans, l'épicentre du
sida passera de l'Afrique à la Chine,
compte tenu de sa population plus élevée.
Le Fonds, imaginé l'an dernier pour
l'Afrique -et qui peine à rassemble
les 10 milliards promis- sera-t-il poussé
à rediriger ses priorités?
Un autre facteur vient encore
compliquer la donne. Pour la première
fois, les statistiques révèlent
que le sida frappe davantage les femmes
que les hommes -est-il besoin de rappeler
que ce mal, lors de son émergence
il y a 22 ans, avait d'abord été
qualifié de "maladie des homosexuels"?
Le dernier rapport de l'organisme
des Nations Unies chargé de la lutte
contre le sida (ONUSIDA) révèle
en effet que 58%
des 30 millions de séropositifs d'Afrique
sont des femmes. Sachant la position
peu enviable de la femme dans maints pays
africains, ce nouveau fait ne contribuera
pas à accélérer l'intérêt
pour le sida parmi certains dirigeants.
Ce même rapport souligne
au passage qu'ils sont désormais
plus de 41 millions à vivre avec
le VIH, le virus responsable du sida -dont
plus de 30 millions en Afrique subsaharienne-
ce qui constitue un nouveau record peu honorable.
Et qu'ils furent 3,1 millions à en
mourir l'an dernier, encore un record. La
grande majorité en Afrique. Parmi
les nouveaux cas, on compte un million d'enfants
de moins de 15 ans.
Seul point positif, dans les
quelques pays du Sud où un effort
réel a été investi
dans la prévention, comme au Brésil,
la courbe des malades et des décès
cesse de grimper, et se stabilise, voire
redescend légèrement. Les
personnes atteintes ont toujours aussi peu
de chances d'avoir des soins adéquats,
faute d'argent, mais au moins, le nombre
de personnes atteintes ne grimpe plus de
façon aussi dramatique qu'avant.
Le rapport a été
publié à l'occasion de la
Journée mondiale du sida, qui avait
lieu dimanche. L'Afrique ne mériterait-elle
qu'une journée par an?