Le Canada le signera peut-être
dans les prochains mois, mais ce sera une bien mince
consolation pour le Protocole de Kyoto, sur la réduction
des gaz à effet de serre. Car cette entente
vient de subir une autre cuisante défaite,
au moins aussi grave que le recul des Etats-Unis:
les
pays en voie de développement ont refusé
de s'engager à respecter Kyoto, au cours
d'une rencontre internationale tenue la semaine
dernière, en Inde, sous l'égide des
Nations Unies.
Le tout est survenu au terme de 10
jours d'intenses négociations, dont les deux
derniers ont réuni ministres et représentants
de 185 pays, et ce résultat final a été
salué comme une victoire par les pays pauvres.
Il faut se rappeler que les ententes sur le réchauffement
climatique ont généralement, depuis
10 ans, exempt de toute obligation les pays plus
pauvres. Mais plus le temps passe et plus les pressions
des groupes écologistes se font pressantes,
à mesure que des pays comme la Chine, le
Mexique et l'Inde se hissent à leur tour
parmi les plus grands pollueurs de la planète.
La
déclaration finale de New Delhi, publiée
au terme de cette rencontre de 10 jours, se
contente de dire que chaque pays en voie de développement
devra développer
la stratégie qu'il jugera "appropriée"
pour réduire ses émissions de gaz
à effet de serre. Difficile d'être
moins contraignant, mais même cette déclaration
faiblarde est le résultat d'un consensus:
car ce que les pays en voie de développement
réclamaient, c'était une aide financière
pour s'adapter aux impacts des changements climatiques
à venir (tempêtes plus violentes que
jamais, inondations dans certaines régions,
sécheresses ailleurs, etc). Une idée
qui a été catégoriquement rejetée
par les pays plus riches, avec pour résultat
que la rencontre ministérielle s'est achevée
dans un climat "acrimonieux", écrit le New
Scientist.
Les plus optimistes espéraient
que le Protocole de Kyoto sorte renforcé
de la rencontre de New Delhi. Le résultat
est tout autre: non seulement Kyoto semble devenu
un bout de papier dont personne ne veut, mais la
réduction des gaz polluants elle-même
paraît être un concept en voie de s'envoler
en fumée. Même si la Russie devenait
le 97e pays à ratifier Kyoto -ce
que son Parlement étudie actuellement, mais
à une allure de tortue- peu de gouvernements
semblent enclins à poser des gestes concrets
pour assurer que les objectifs de réduction
des gaz polluants seront vraiment atteints d'ici
10 ans.