Lignorance
engendre
la
violence,
on
la
souvent
dit;
mais
elle
engendre
aussi
et
surtout,
le
fanatisme.
Le
fanatisme
des
uns,
qui
envoie
sans
le
moindre
remord
des
avions
tuer
des
civils
innocents.
Le
fanatisme
des
autres,
incapable
de
faire
la
différence
entre
islam
et
islamiste.
Le
fanatisme
des
uns,
pour
qui
"lAmérique"
nest
peuplée
que
de
monstres
assoiffés
de
sang.
Lignorance
des
autres,
pour
qui
on
règlera
les
problèmes
de
la
planète
en
se
débarrassant
dun
Oussama
Ben
Laden
ou
dun
Saddam
Hussein.
Et
pourtant,
lan
dernier,
ni
à
droite
ni
à
gauche
du
spectre
politique,
on
navait
souligné
lévidence:
sil
y
a
une
seule
chance,
toute
petite,
à
long
terme,
à
très
long
terme,
de
gagner
cette
"guerre"
qui
nen
est
pas
une,
cest
par
léducation.
Tuez
un
terroriste,
et
il
sen
lèvera
dix
qui
voudront
le
venger.
En
revanche,
apprenez
aux
petits
américains
de
Manhattan
que
les
gens
de
ces
lointains
pays
ont
eux
aussi
le
droit
à
une
vie
confortable
et
sans
violence,
quentre
Islam
et
Chrétienté,
il
y
a
bien
plus
de
points
communs
que
de
différences,
que
de
part
et
dautre,
il
faut
savoir
faire
un
tri
dans
linformation
qui
nous
bombarde...
Développer
les
connaissances
sur
lautre,
mais
aussi
et
surtout,
développer
lesprit
critique
face
à
cette
information,
est
un
objectif
un
brin
utopiste,
mais
le
seul
qui
lHistoire
la
démontrée-
permette
un
peu
doptimisme,
à
long
terme.
Or,
où
en
est-on
un
an
plus
tard ?
Nulle
part.
Comme
la
démontré,
tout
récemment,
le
Sommet
de
la
Terre
de
Johannesburg,
les
objectifs
utopistes
réduire
la
pauvreté,
améliorer
laccès
aux
soins
de
santé
de
base
ou
à
de
leau
potable-
sont
demeurés
des
objectifs...
utopistes.
Sur
les
questions
agricoles
notamment,
la
priorité
allait
plutôt
au
commerce
(voir
ce
texte).
Et
la
guerre
au
terrorisme
initiée
par
le
président
George
Bush
en
octobre
2001,
a
permis
de
mettre
à
terre
le
régime
honni
des
Talibans,
mais
na
pas
amélioré
la
perception
quont
les
Américains
du
reste
du
monde,
ni
celle
que
le
reste
du
monde
a
des
Américains.
Et
elle
a
entraîné
des
coûts
dont
on
ne
mesurera
limportance
que
dans
des
années :
instabilité
politique
toujours
aussi
dangereuse
en
Asie
centrale,
notamment
au
Pakistan,
ci-devant
détenteur
de
larme
atomique ;
un
peu
partout
en
Occident,
sentiment
de
paranoïa
accru
face
à
limmigrant
qui
se
manifeste
jusque
dans
la
recherche
scientifique!
Et
enfin,
atteintes
aux
droits
et
libertés
sur
tous
les
fronts.
En
se
promenant
sur
Internet,
on
peut
trouver
de
nombreuses
initiatives
denseignants
et
décoles
pour
faire
face
à
laprès-11
septembre,
comme
en
témoigne
par
exemple
ce
portail.
Mais
elles
sont
en
grande
majorité
orientées
vers
le
pansement
des
plaies
psychologiques:
comment
parler
aux
enfants
de
cette
tragédie,
comment
les
amener
à
livrer
leurs
sentiments,
leur
vécu,
etc.
Un
nombre
étonnant
de
ces
outils
pédagogiques
explique
comment
mousser
le
patriotisme
américain
et
la
recherche
de
héros.
Et
il
faut
chercher
longtemps
pour
en
trouver
un
qui
parle
dhistoire,
de
géographie
et
de
cultures
autres
que
la
nôtre:
Exploring
9/11
in
Historical,
Cultural
and
International
Context,
destiné
aux
9-12
ans.
Lorsquon
fait
la
guerre,
il
est
important
dêtre
convaincu
que
"lautre"
est
un
monstre.
Dès
le
moment
où
on
se
met
à
en
savoir
plus
sur
lui,
à
réfléchir
au
fait
quil
a
une
famille,
des
enfants,
quil
aime
les
Big
Mac
ou
les
couchers
de
soleil,
il
devient
très
difficile
de
le
tuer
sans
remords.
Or,
cet
exercice
dintrospection,
seules
les
sociétés
"riches"
ont
pour
linstant
les
moyens
de
le
faire,
si
leurs
médias
et
leurs
sytèmes
déducation
veulent
bien
sen
donner
la
peine.
Pensons
au
savoir
scientifique.
On
peut
rêver,
par
exemple,
à
ce
qui
se
passerait
si
les
humains
prenaient
véritablement
conscience
des
percées
phénoménales
de
la
génétique.
Sil
pouvait
simprégner
fermement
dans
la
conscience
collective
le
fait
que
nous
partageons
97%
de
notre
code
génétique
avec
le
chimpanzé,
il
deviendrait
plus
difficile
dimaginer
quun
autre
être
humain
soit
si
différent
de
nous.
Sil
y
avait
davantage
de
groupes
ayant
acquis
le
savoir
nécessaire
pour
lutter
contre
les
multinationales
pharmaceutiques,
afin
de
réduire
le
prix
des
médicaments,
les
pays
les
plus
pauvres
se
retrouveraient
soudain
avec
davantage
de
ressources
à
diriger
vers
leurs
propres
cerveaux.
Soyons
optimistes,
et
disons-nous
que
la
réflexion
commence
peut-être
maintenant,
un
an
plus
tard,
par
exemple
dans
ces
livres
qui
commencent
à
apparaître
dans
les
librairies
et
qui
vont,
enfin,
au-delà
des
simples
relations
de
la
vie
dOussama,
dAl
Qaïda,
ou
du
11
septembre.
Tout
cela
prend
du
temps.
Beaucoup
de
temps.
Cest
la
raison
pour
laquelle
cest
beaucoup
plus
difficile
à
faire
avaler
à
ses
électeurs
quune
guerre
contre
lIraq.
Or,
il
y
a
aura
une
prochaine
fois.
Il
y
aura
dautres
attentats,
pires
ou
moins
pires
que
celui
du
11
septembre.
Même
avec
la
meilleure
éducation
du
monde,
létat
desprit
qui
conduit
au
fanatisme
ne
sera
pas
éradiqué
en
une
ou
deux
générations.
Mais
sil
ny
a
même
pas
un
effort
minimal
pour
souvrir
à
lAutre,
à
lEtranger,
ça
risque
de
prendre
pas
mal
plus
quune
ou
deux
générations...