- Un analyseur portatif d'acides
nucléiques, qui peut détecter,
assure-t-on, la présence dans l'air de
la quantité la plus microscopique d'anthrax,
ou de bactéries suspectes, en 15 minutes,
si on se trouve dans le bon laboratoire: il
s'agit ni plus ni moins qu'un laboratoire miniature
(poids: 1 kilo) d'analyse de l'ADN des micro-organismes,
mis au point en Californie.
- Des radars plus perfectionnés
et plus maniables qui peuvent détecter
de l'équipement dissimulé sous
le sol jusqu'à une profondeur de 30 mètres.
- Des satellites-espions, qui
fourniront des images encore plus détaillées
qu'il y a quatre ans d'un bâtiment, avant
et après le passage des inspecteurs,
question de vérifier s'il n'y aurait
pas eu un mouvement anormalement élevé
de camions juste avant ou juste après
le passage des étrangers.
- Des détecteurs portatifs
de rayonx X et des spectromètres, destinés
à identifier des composés métalliques
précis et des éléments
radioactifs -et capables de détecter
ces derniers si les composés radioactifs
ne sont plus dans la pièce.
- Et de l'équipement varié
pour analyser l'air, l'eau et la végétation,
à la recherche de résidus suspects
pouvant être associés à
des expériences nucléaires, biologiques
ou chimiques.
C'est
ce qu'auront entre leurs mains la centaine d'experts,
envoyés sous l'égide de l'Organisation
des Nations Unies, lorsqu'ils commenceront leurs
inspections, le 27 novembre. Les inspecteurs
doivent envoyer un premier rapport au Conseil
de sécurité des Nations Unies,
à la mi-février au plus tard.
Une première équipe de 25 inspecteurs
en armements est arrivée en Irak ce lundi,
afin d'entreprendre les premières discussions
avec les Iraqiens, et
se réinstaller dans ses anciens bureaux,
abandonnés depuis quatre ans.
Parmi ces 25 arrivants, les deux
chefs: l'Égyptien Mohammed el-Baradeï,
directeur général de l'Agence
internationale de l'énergie atomique
(AIEA), et celui dont les médias ont
davantage parlé, le Suédois Hans
Blix, directeur de la COCOVINU (Commission de
contrôle, de vérification et d'inspection
des Nations Unies), en charge de toutes les
armes autres que nucléaires (soit les
armes chimiques ou biologiques). Et comme la
possibilité que l'Irak ait pu développer
des armes nucléaires est vraiment très
mince, c'est effectivement sur Hans Blix que
reposera la partie la plus importante du travail.
Les nouvelles technologies permettront
de gagner du temps, mais rien ne remplace l'expérience
humaine, comme l'explique au quotidien britannique
The Guardian l'un de ces inspecteurs,
Mark Gwozdecky, de l'AIEA. "Une personne expérimentée
peut entrer dans un bâtiment et immédiatement
avoir des signaux d'alarme qui résonnent
dans sa tête: des choses qui ont l'air
trop neuves, une fraîche couche de peinture,
cet appareil qui ne devrait pas être là
à côté des autres." Les
inspecteurs, dont la plupart des noms ne sont
pas dévoilés, proviennent généralement
d'une liste de 44 pays, et peuvent aussi bien
être chimistes
que physiciens, ingénieurs, microbiologistes,
analystes de données et même linguistes.
L'Irak nie détenir toute
arme chimique, biologique ou nucléaire,
pas plus que des missiles d'une portée
supérieure à 150 kilomètres,
tel que stipulé dans l'interdiction d'armes
de destruction massive décrétée
par les Nations Unies en 1991. Les inspections
avaient été entreprises à
partir de cette date, mais avaient été
interrompues en décembre 1998, avant
une campagne de raids aériens américains
et britanniques. A ce moment, les inspecteurs
se plaignaient fréquemment d'obstructions
et de harcèlements de la part de leurs
vis-à-vis iraqiens, et Bagdad s'était
opposé à leur retour, les accusant
de s'être livré à de l'espionnage.
Allégations "en partie justifiées",
avait dû reconnaître le secrétaire
général des Nations Unies, Kofi
Annan.
Cette fois par contre, la tension
est beaucoup plus élevée, le monde
entier étant conscient qu'un dérapage
du côté iraqien pourrait
devenir le prétexte attendu par George
Bush pour lancer une attaque massive.
Et les prétextes pourraient
être nombreux, considérant la susceptibilité
iraqienne, et l'immensité du pays (432
162 kilomètres carrés). Plus de
1000 sites sont sur la liste de priorités,
des usines aux laboratoires médicaux
en passant par les résidences des dignitaires.
Ce qui fait autant d'endroits où une
porte fermée aux inspecteurs pendant
une demi-heure pourrait devenir le prétexte
attendu...