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semaine du 25 février 2002



Censure scientifique


La paranoïa anti-terroriste s’étend aux scientifiques: plus de 6600 recherches américaines ont été classées "secrètes" le mois dernier, rendant d’autant plus difficile de faire avancer les connaissances dans ces domaines.

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Au moment même où les scientifiques commencent à se plaindre que les multiples brevets sur les gènes leur mettent de plus en plus de bâtons dans les roues (voir ce texte de la semaine dernière), voilà qu’Oussama ben Laden s’en mêle. Dans le cadre de ses mesures anti-terroristes, le gouvernement américain serre la vis sur tout ce qui s’approche, de près ou de loin, de la production d’une arme chimique ou bactériologique. Et ça, si vous êtes un scientifique qui travaille sur les micro-organismes, ça peut inclure beaucoup, beaucoup de vos travaux.

L’intention de la Maison-Blanche, tente-t-on de rassurer à Washington, n’est que d’éliminer les parties des articles qui donnent des "détails expérimentaux". Mais c’est justement là le fondement même de la recherche: pour qu’un scientifique puisse démontrer qu’un autre scientifique a eu raison —ou tort- il lui faut pouvoir reproduire sa recherche. S’il n’a plus aucun détail sur la façon dont l’expérience a été menée, ça devient impossible.

"Cela détruit les fondements mêmes de la science", dénonce le président de la Société américaine de microbiologie, Ronald M. Atlas. Sa collègue Abigail Salyers, interrogée par le New York Times, qui a sorti toute cette affaire, se fait plus cinglante: "le terorrisme nourrit la peur, et la peur nourrit l’ignorance".

En plus d’avoir retiré du domaine public ces 6617 recherches —dont la plupart n’ont rien à voir avec la production d’armes (certaines sont vieilles de 20 ou 30 ans!), mais contiennent des informations très techniques sur des virus ou des bactéries plus ou moins dangereux- le gouvernement américain prépare une politique sur la sécurité qui, d’ici quelques semaines, pourraient entraîner le retrait encore plus massif de telles études.

Il a également demandé aux associations, ce qui en a scandalisé plusieurs, de censurer ce qu’elles font paraître dans leurs publications (la Société de microbiologie, par exemple, publie des revues majeures comme Infection and Immunity, The Journal of Bacteriology et The Journal of Virology).

La Société a déjà indiqué ne pas avoir l’intention de se plier à ces recommandations du gouvernement.

La simple crainte de voir le gouvernement interdire une recherche risque de limiter en soi les recherches, s’indigne le président de la Fédération des sociétés américaines de biologie expérimentale, Robert R. Rich. "Je pense que le risque de bloquer des avancées est plus grand que le risque que cette information ne tombe en de mauvaises mains." Il donne en exemple une recherche récente sur les manipulations génétiques de virus associés à la variole: de quoi donner le frisson à la Maison-Blanche quand on regarde le titre. En réalité, il s’agit là de travaux susceptibles de faire progresser tout le domaine de la recherche sur les vaccins, ceux contre la variole, mais aussi contre une grande variété de virus, y compris le VIH.

Après la sortie de ces informations dans le Times, le gouvernement américain a tenté de se faire rassurant. R. Paul Ryan, administrateur-adjoint au Centre d’information technique de la Défense fédérale, où ont été décidés ces 6600 retraits, affirme qu’un comité d’experts scientifiques sera créé afin de voir si certains de ces documents pourraient être à nouveau rendus disponibles. Il a toutefois reconnu ne pas savoir quand de telles discussions pourraient avoir lieu... Et le Times a appris que le processus de révision de vieilles recherches scientifiques se poursuivait, de sorte que ce total de 6600 va bientôt augmenter...

 

 


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