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semaine du 30 septembre 2002



La science coupable


L
a science n'est pas infaillible. Il y a, chez elle aussi, des gens malhonnêtes. Mais au contraire du paranormal dont nous parlions la semaine dernière, en science, si vous êtes malhonnête, vous pouvez perdre votre emploi.

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Un physicien spécialiste des nanotechnologies, sur qui pesaient des soupçons depuis quelques mois, a été trouvé coupable la semaine dernière de 16 accusations "d'inconduite scientifique", par un comité d'enquête formé par la compagnie qui l'employait. Le scientifique de 32 ans, qualifié jusqu'alors, dans le milieu des nanotechnologies, de très alentueux et de très prometteur, a falsifié des données, en a copié d'autres dans une recherche qu'il a présentée comme distincte, et en a supprimé quelques-unes qui le gênaient.

Depuis la semaine dernière, Jan Schön n'est donc plus à l'emploi de la compagnie Bell Labs, du New Jersey, chez qui il était considéré comme une étoile montante. Les nanotechnologies -ou technologies invisibles à l'œil nu- une discipline qui commence à peine à percer, n'avait vraiment pas besoin de ce direct du droit.

Mais pourquoi un scientifique prometteur, étoile montante et tout et tout, falsifierait-il des données? La question relève davantage de la psychologie que des nanotechnologies, mais comme le rappelle le New York Times, la recherche scientifique n'est pas le milieu feutré, calme, lisse et sans histoire que le profane imagine. C'est un milieu au moins aussi compétitif que le Tour de France, et la quête de succès peut conduire à poser des gestes pas très catholiques.

La spécialité de Jan Hendrik Schön: les circuits électroniques faits de molécules organiques. Schön a remporté de nombreux prix dans sa spécialité, et il n'était pas un mystificateur. Mais en un nombre inquiétant d'occasions, ses résultats étaient, pour ainsi dire, gonflés aux stéroïdes.

Les soupçons avaient commencé à peser sur lui en avril, lorsqu'un petit groupe de physiciens tentant de reproduire ses résultats -pratique courante en science, pour valider une découverte- s'étaient aperçus que des graphiques apparaissant dans trois recherches distinctes étaient anormalement semblables (voir ce texte). C'est là que Bell Labs, chez qui Schön travaillait depuis 1997, a déclenché une enquête, qui s'est rapidement mise à englober deux douzaines d'articles, parus au cours des trois dernières années. Pour découvrir qu'un nombre anormalement élevé des expériences originales avaient été perdues ou détruites -une manoeuvre, si c'en était une, qui rendait singulièrement difficile à d'autres scientifiques de reproduire ces expériences.

Schön, rapporte la revue Nature, a admis sa culpabilité. "Je dois admettre avoir fait des erreurs variées dans mon travail scientifique, que je regrette profondément."

L'une des recherches aujourd'hui rejetées proclamait que Bell Labs avait créé des transistors dont la taille se mesure en molécules. Bell Labs est une filiale du géant Lucent Technologies.


Comment est-il passé entre les mailles du filet?

L'histoire ne s'arrête pas là, puisqu'elle soulève deux autres questions gênantes. Tout d'abord, celle des co-auteurs d'une recherche scientifique. Presque tous les articles dont il est question ici ont été co-signés par plusieurs autres scientifiques. Là encore, c'est une pratique courante, rappelle le New York Times dans une éclairante synthèse parue dimanche: il n'existe en effet aucune règle claire sur le degré de contribution à un travail qui justifie qu'un chercheur y retrouve ou non sa signature. Souvent, cette collaboration peut avoir été fort lointaine -le directeur du département, par exemple. N'empêche que si votre signature se retrouve au sommet d'une recherche dont les résultats ont été falsifiés, on est en droit de se demander comment il se fait que vous n'avez rien vu.

L'enquête a conclu qu'aucune charge ne pouvait être retenue contre les co-auteurs des recherches dont il est question ici.

L'autre question gênante est celle des comités de révision. Une des recherches aujourd'hui rejetées est par exemple parue dans la prestigieuse revue britannique Nature, laquelle est dotée d'un système de révision par les pairs: cela signifie que tout article, avant de paraître, doit avoir été relu et révisé par un groupe d'experts de cette discipline. Et pourtant, là aussi, il semble que les données falsifiées soient passées comme dans du beurre.

Une des raisons de tout cela, explique le Boston Globe, -qui reconnaît avoir été de ces médias qui ont encensé le Dr Schön- c'est que la science est, de plus en plus, réalisée par d'immenses équipes de chercheurs, "chacun possédant sa propre spécialité, mais sans qu'il n'y ait une réelle entente sur la personne responsable de l'intégrité du travail dans son ensemble". C'est un problème auquel la communauté scientifique n'a pas encore fait face, dénonce l'auteur du rapport d'enquête, le physicien Malcolm Beasley, physicien à l'Université Stanford. Il est temps qu'elle se réveille.


En manchette la semaine dernière:
Le paranormal se passe entre les deux oreilles

A lire également cette semaine:
La guerre des Mayas

La fin de l'Histoire et la dernière blonde

Invincible insecte

Une usine d'antimatière

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Et plus encore...


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