Un
physicien
spécialiste
des
nanotechnologies,
sur
qui
pesaient
des
soupçons
depuis
quelques
mois,
a
été
trouvé
coupable
la
semaine
dernière
de
16
accusations
"d'inconduite
scientifique",
par
un
comité
d'enquête
formé
par
la
compagnie
qui
l'employait.
Le
scientifique
de
32
ans,
qualifié
jusqu'alors,
dans
le
milieu
des
nanotechnologies,
de
très
alentueux
et
de
très
prometteur,
a
falsifié
des
données,
en
a
copié
d'autres
dans
une
recherche
qu'il
a
présentée
comme
distincte,
et
en
a
supprimé
quelques-unes
qui
le
gênaient.
Depuis
la
semaine
dernière,
Jan
Schön
n'est
donc
plus
à
l'emploi
de
la
compagnie
Bell
Labs,
du
New
Jersey,
chez
qui
il
était
considéré
comme
une
étoile
montante.
Les
nanotechnologies
-ou
technologies
invisibles
à
l'il
nu-
une
discipline
qui
commence
à
peine
à
percer,
n'avait
vraiment
pas
besoin
de
ce
direct
du
droit.
Mais
pourquoi
un
scientifique
prometteur,
étoile
montante
et
tout
et
tout,
falsifierait-il
des
données?
La
question
relève
davantage
de
la
psychologie
que
des
nanotechnologies,
mais
comme
le
rappelle
le
New
York
Times,
la
recherche
scientifique
n'est
pas
le
milieu
feutré,
calme,
lisse
et
sans
histoire
que
le
profane
imagine.
C'est
un
milieu
au
moins
aussi
compétitif
que
le
Tour
de
France,
et
la
quête
de
succès
peut
conduire
à
poser
des
gestes
pas
très
catholiques.
La
spécialité
de
Jan
Hendrik
Schön:
les
circuits
électroniques
faits
de
molécules
organiques.
Schön
a
remporté
de
nombreux
prix
dans
sa
spécialité,
et
il
n'était
pas
un
mystificateur.
Mais
en
un
nombre
inquiétant
d'occasions,
ses
résultats
étaient,
pour
ainsi
dire,
gonflés
aux
stéroïdes.
Les
soupçons
avaient
commencé
à
peser
sur
lui
en
avril,
lorsqu'un
petit
groupe
de
physiciens
tentant
de
reproduire
ses
résultats
-pratique
courante
en
science,
pour
valider
une
découverte-
s'étaient
aperçus
que
des
graphiques
apparaissant
dans
trois
recherches
distinctes
étaient
anormalement
semblables
(voir
ce
texte).
C'est
là
que
Bell
Labs,
chez
qui
Schön
travaillait
depuis
1997,
a
déclenché
une
enquête,
qui
s'est
rapidement
mise
à
englober
deux
douzaines
d'articles,
parus
au
cours
des
trois
dernières
années.
Pour
découvrir
qu'un
nombre
anormalement
élevé
des
expériences
originales
avaient
été
perdues
ou
détruites
-une
manoeuvre,
si
c'en
était
une,
qui
rendait
singulièrement
difficile
à
d'autres
scientifiques
de
reproduire
ces
expériences.
Schön,
rapporte
la
revue
Nature,
a
admis
sa
culpabilité.
"Je
dois
admettre
avoir
fait
des
erreurs
variées
dans
mon
travail
scientifique,
que
je
regrette
profondément."
L'une
des
recherches
aujourd'hui
rejetées
proclamait
que
Bell
Labs
avait
créé
des
transistors
dont
la
taille
se
mesure
en
molécules.
Bell
Labs
est
une
filiale
du
géant
Lucent
Technologies.
Comment
est-il
passé
entre
les
mailles
du
filet?
L'histoire
ne
s'arrête
pas
là,
puisqu'elle
soulève
deux
autres
questions
gênantes.
Tout
d'abord,
celle
des
co-auteurs
d'une
recherche
scientifique.
Presque
tous
les
articles
dont
il
est
question
ici
ont
été
co-signés
par
plusieurs
autres
scientifiques.
Là
encore,
c'est
une
pratique
courante,
rappelle
le
New
York
Times
dans
une
éclairante
synthèse
parue
dimanche:
il
n'existe
en
effet
aucune
règle
claire
sur
le
degré
de
contribution
à
un
travail
qui
justifie
qu'un
chercheur
y
retrouve
ou
non
sa
signature.
Souvent,
cette
collaboration
peut
avoir
été
fort
lointaine
-le
directeur
du
département,
par
exemple.
N'empêche
que
si
votre
signature
se
retrouve
au
sommet
d'une
recherche
dont
les
résultats
ont
été
falsifiés,
on
est
en
droit
de
se
demander
comment
il
se
fait
que
vous
n'avez
rien
vu.
L'enquête
a
conclu
qu'aucune
charge
ne
pouvait
être
retenue
contre
les
co-auteurs
des
recherches
dont
il
est
question
ici.
L'autre
question
gênante
est
celle
des
comités
de
révision.
Une
des
recherches
aujourd'hui
rejetées
est
par
exemple
parue
dans
la
prestigieuse
revue
britannique
Nature,
laquelle
est
dotée
d'un
système
de
révision
par
les
pairs:
cela
signifie
que
tout
article,
avant
de
paraître,
doit
avoir
été
relu
et
révisé
par
un
groupe
d'experts
de
cette
discipline.
Et
pourtant,
là
aussi,
il
semble
que
les
données
falsifiées
soient
passées
comme
dans
du
beurre.
Une
des
raisons
de
tout
cela,
explique
le
Boston
Globe,
-qui
reconnaît
avoir
été
de
ces
médias
qui
ont
encensé
le
Dr
Schön-
c'est
que
la
science
est,
de
plus
en
plus,
réalisée
par
d'immenses
équipes
de
chercheurs,
"chacun
possédant
sa
propre
spécialité,
mais
sans
qu'il
n'y
ait
une
réelle
entente
sur
la
personne
responsable
de
l'intégrité
du
travail
dans
son
ensemble".
C'est
un
problème
auquel
la
communauté
scientifique
n'a
pas
encore
fait
face,
dénonce
l'auteur
du
rapport
d'enquête,
le
physicien
Malcolm
Beasley,
physicien
à
l'Université
Stanford.
Il
est
temps
qu'elle
se
réveille.