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Le 14 mars 2003


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Genèse d'un terroriste-suicide

(Agence Science-Presse) - Les kamikazes, ces terroristes qui se font sauter avec leur propre bombe, sont-ils nés de la pauvreté et de l'ignorance? Plusieurs recherches prétendent que contrairement à ce que l'on croit -ou contrairement à ce que leurs adversaires veulent nous faire croire- ils ne sont ni moins scolarisés ni moins riches que leurs compatriotes.

Ce qui ne facilite pas la tâche de ceux qui tentent d'éradiquer le mal à sa source. On prétend souvent, en effet, qu'une meilleure éducation servirait de remède au terrorisme. Ce n'est pas aussi simple, analyse Scott Atran, du CNRS-Institut Jean Nicod, à Paris. Ce qu'il faut à ces communautés d'où émergent les terroristes, c'est "d'apprendre à minimiser la réceptivité des recruteurs chez les gens ordinaires". En d'autres termes, faire en sorte que le discours propagandiste n'ait plus prise dans leurs esprits.

Plus facile à dire qu'à faire, reconnaît l'anthropologue américain. Surtout quand on se rappelle qu'autant les Israéliens que les Palestiniens peuvent aller se chercher des héros-kamikazes dans leurs histoires respectives, remontant à un ou deux milliers d'années. L'Europe et l'Asie ont également beaucoup de modèles à offrir. "Le suicide comme arme de terreur est d'ordinaire choisi par la partie la plus faible, contre un ennemi supérieur en force."

Sauf que dans tous ces cas, il y a un point commun, que ce soit aujourd'hui ou il y a 2000 ans. Si la personne qui choisit de se sacrifier le fait volontairement, elle n'en agit pas moins, chaque fois, systématiquement, sous une pression du groupe ou d'un individu charismatique.

C'est donc là que se trouve le nœud à trancher. La première ligne de défense ne peut pas être une attaque directe contre l'ennemi, par définition évanescent. Il faut plutôt empêcher les gens de devenir terroristes. Et nous sommes très mal partis si nous persistons à voir dans ces kamikazes des fous ou des lâches (cette dernière interprétation étant celle qu'a donné George Bush au lendemain des attentats du 11 septembre): même une personne saine d'esprit peut être poussée à accomplir des actes barbares, comme l'a démontré il y a longtemps le psychologue Stanley Milgram avec sa célèbre expérience au cours de laquelle un individu ordinaire était poussé à donner des chocs électriques (qu'il croyait réels) à un acteur payé pour simuler la souffrance.

Ce qu'il faut, c'est d'arriver à comprendre comment se fait cette connection entre l'individu charismatique et le futur terroriste. Pourquoi des individus tout à fait sains de corps et d'esprit réagissent ainsi. Pourquoi ils sont plus enclins que d'autres à voir le monde en noir et blanc: tous les bons sont de leur côté, et tous les méchants de l'autre. Certains sont passés par les mêmes écoles, voire les mêmes universités que leurs compatriotes, et pourtant eux seuls ont conservé cette vision manichéenne de l'univers. Pourquoi cela?

Un point commun, tout de même: ces kamikazes sont en général des hommes, jeunes et sans attaches. Mais cela mis à part, rien ne les distingue des autres membres des organisations extrémistes dont ils sont souvent membres. Aucune étude n'a permis de pointer des problèmes sociaux ou familiaux plus fréquents chez eux (absence du père ou d'amis, chômage, etc. ), pas plus que des symptômes suicidaires. Scott Atran cite une étude d'un coopérant pakistanais menée entre 1996 et 1999 auprès de 250 Palestiniens, kamikazes qui avaient manqué leur coup, leurs familles ou leurs "entraîneurs": "aucun n'était sans scolarité, vivant dans la misère, attardé ou déprimé… Ils semblaient tous être des membres entièrement normaux de leurs familles."

Bref, prétendre que la pauvreté et l'ignorance sont les seules sources du terrorisme fournit de belles phrases aux politiciens, mais ne conduit qu'à repousser le moment où l'on cherchera véritablement à comprendre les racines du problème.

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